Au 28 septembre, 19 foyers de maladie hémorragique épizootique (MHE) étaient confirmés dans les Pyrénées, auxquels s’ajoutent de « nombreuses suspicions ».
« Trois premiers foyers ont été détectés dans des élevages de bovins : deux foyers dans les Pyrénées-Atlantiques détectés le 04/09 près de Oloron-Sainte-Marie et le 09/09/2023 près de Bayonne, et un foyer dans les Hautes-Pyrénées détecté le 08/09/2023 près de Bagnères-de-Bigorre », indique le bulletin de veille sanitaire du 3 octobre de la plateforme ESA (épidémiosurveillance santé animale). « Dans chacun des élevages, seul un bovin a été confirmé positif par RT-PCR. Le sérotype 8 a été confirmé. Un arrêté a été publié le 23/09/2023 pour encadrer les mesures de surveillance, de prévention et de lutte. »
« Au 28/09/2023, un total de dix-neuf foyers de MHE ont été confirmés au sein d’élevages des Pyrénées-Atlantiques (seize foyers) et des Hautes-Pyrénées (trois foyers). De nombreuses suspicions dans les départements des Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées, et quelques-unes dans des départements limitrophes (Ariège, Gers et Haute-Garonne), sont en cours de traitement », signale encore la plateforme ESA.
Difficile de prévoir la suite
« Il est difficile à ce stade d’évaluer la future propagation de la MHE en France. Néanmoins, l’évolution de cette maladie vectorielle est conditionnée par la répartition du ou des vecteurs de cette maladie. Plusieurs espèces de Culicoïdes pourraient être vectrices du virus de la MHE ; vraisemblablement C. imicola (espèce vectrice le plus fréquemment associée à la transmission du virus de la FCO en Europe), voire C. obsoletus/C. scoticus, C. newsteady et C. pulicaris ss, mais très peu d’études se sont intéressées au rôle vecteur pour le virus de la MHE des espèces européennes et méditerranéennes (Maurer et al. 2022, Quaglia et al. 2023). Plus d’informations sur la surveillance vectorielle en France sont disponibles dans la note Emergence de la MHE en France ».
« La diffusion de la maladie est également fortement conditionnée par les mouvements de ruminants infectés ou leur semence. Pour cette raison, tout animal amené à quitter la zone réglementée liée aux foyers confirmés de cette maladie, devra avoir fait l’objet au préalable d’un test de dépistage en laboratoire attestant l’absence de contamination, en complément de la désinsectisation déjà prévue par l’arrêté du 23 septembre 2023 », complété par un arrêté du 29 septembre 2023.
BC
A télécharger :
Circulaire du 10 octobre 2023 relative à la gestion de la MHE (ministère de l’agriculture)
La situation au 5 octobre 2023 (ministère de l’agriculture)
Circulaire MHE du 26 septembre 2023 (ministère de l’agriculture)
Population bovine au 1er septembre 2023 (FranceAgriMer, 6 oct. 2023)
LES RÉACTIONS
L’État doit prendre en charge les conséquences sanitaires de la MHE » (CR)
« Alors que la France a récemment déclaré ses premiers foyers de MHE dans le Sud-Ouest, cette maladie, proche de la FCO (fièvre catarrhale ovine), inquiète fortement les éleveurs », écrit la Coordination rurale (CR) dans un communiqué du 4 octobre. « Si les impacts sanitaires sont encore difficiles à appréhender à ce stade, il est certain que la MHE engendre de la morbidité et de la mortalité. Pour la CR, l’État, en l’absence de vaccin, a une responsabilité dans l’accompagnement des éleveurs qui ne disposent que de moyens de lutte très limités. »
« À l’occasion du Sommet de l’Élevage, les représentants de la section Viande de la CR ont rencontré le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour solliciter la mise en place d’un accompagnement financier afin de compenser les impacts sanitaires de la maladie. Ceux-ci peuvent être importants dans les troupeaux foyers lorsqu’une part significative d’animaux présente des symptômes et nécessite des soins vétérinaires, de l’ordre de 250 € par animal, et pouvant atteindre 600 €, sans compter les animaux morts qui ne pourront pas être sauvés. »
« Les conséquences sanitaires ne se limitent pas à cela ; la CR s’interroge sur de probables effets sur la reproduction (avortement, baisse de la fertilité, momification, etc.). Le syndicat a demandé au ministre la mise en place des années blanches pour les éleveurs impactés par la MHE et la prise en charge des analyses nécessaires à la sortie des animaux de la zone réglementée », conclut le communiqué.
« Le rétablissement des flux est urgent » (Elvea France)
« Depuis la détection des trois foyers de MHE signalés en France dans les Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées, les services de la DGAL ont mis en place des mesures de gestion de la maladie et de limitation de mouvement au niveau national », rapporte Elvea France dans un communiqué du 28 septembre.
« Dans un contexte économique plus que tendu pour les naisseurs spécialisés, il est plus qu’urgent aujourd’hui de rétablir les flux commerciaux dans les plus brefs délais ! En effet, la mission de la DGAL doit être de permettre à tous les animaux de pouvoir se déplacer librement (dans l’Union Européenne comme dans les pays tiers) pour éviter des fluctuations de marché et aussi des effets d’opportunisme lors de certaines transactions ! »
« Elvea France demande ainsi aux autorités françaises de tout mettre en œuvre pour rétablir les flux commerciaux, en agissant dans les plus brefs délais pour des accords bilatéraux dans l’immédiat, vers l’Espagne et le Portugal déjà eux-mêmes en zone MHE, mais aussi vers l’Italie. Il est également nécessaire de poursuivre l’action qui avait été demandée pour une « déclassification » de la maladie au niveau européen ! »
« Dans la configuration d’un marché avec une offre réduite et une demande ferme au plan national et européen, tant en bovins maigres que finis, cette situation spécifique liée à la MHE ne doit en aucun cas affecter les prix payés aux éleveurs ! Or, plus le temps passe, plus la pression se fait sentir sur les marchés du maigre, avec une opportunité pour les opérateurs de faire baisser les prix. »
« Par ailleurs, les mesures sanitaires pourraient amener au stockage des animaux qui auraient dû être vendus. Celui-ci viendra augmenter les charges des éleveurs en baissant le prix des animaux. Alors que les indicateurs de coûts de production de référence en bovin viande ont encore augmenté ce semestre et que les cours des marchés sont loin de couvrir ces coûts de production, il est indispensable de tout mettre en œuvre pour éviter les impacts catastrophiques pour les éleveurs. »
« Il est également attendu que la prise en charge de tous les coûts de mesures et répercussions qui pourraient impacter les éleveurs soient indemnisés par l’Etat pour ne pas affaiblir encore plus nos éleveurs », conclut le communiqué d’Elvea France.