La fromagerie, clé de voûte du système bio

Sur la ferme bio de Kerbizien (Morbihan), Christelle Martin et Mickaël Gergaud transforment la moitié de leur production laitière en fromages. Vendus sous la marque Invitation à la ferme, ils ont décroché́ pas moins de cinq médailles en quatre ans.

Les engins de chantier s’animent aux abords de la ferme de Kerbizien. Les ouvriers déposent le toit de la stabulation, bientôt remplacé par des panneaux photovoltaïques. « Notre crédo, c’est l’autonomie, y compris énergétique », raconte Christelle Martin. L’électricité produite par cette nouvelle installation viendra couvrir les besoins du séchoir (600 tonnes de matière sèche par an). « Nous avions deux options : modifier l’alimentation des vaches pour réduire les coûts, et donc aller vers plus d’ensilage ou produire notre énergie ». L’ensilage, « il en était hors de question », s’exclame l’éleveuse bretonne. Ici, l’herbe et le foin sont le pilier de l’alimentation du cheptel. Le lait constitue la valeur ajoutée de cette ferme bio qui s’est lancée dans la transformation fromagère en 2020 après avoir rejoint le réseau Invitation à la Ferme. La moitié des 600 000 litres de lait bio produit dans l’année sont transformés en fromages, soit 33 tonnes par an.

Une chiffre d’affaires en progression

La ferme propose des camemberts, le P’tit Rond « idéal pour la raclette », le P’tit Gris (médaille d’argent au concours international de Lyon 2023, bronze au CGA Paris 2023), ainsi que trois tommes : Plaisir (médaille d’argent au CGA Paris et à Lyon 2022), nature (médaille d’argent CGA Paris 2024) et aux graines de fenugrec. Cinq médailles en quatre ans, c’est un vrai succès qui se traduit en chiffres. Depuis janvier 2024, le chiffre d’affaires progresse de 30 % chaque mois par rapport à l’an passé. « On nous dit que le prix du bio est un frein, mais pas avec nos produits fermiers. Il y a peut-être un effet médaille et local ».

Prairies et pâturage tournant

Les fromages ont le goût et la qualité de l’herbe ingérée. Selon les années, le troupeau pâture jusqu’à 350 jours par an, bien plus que ne l’exige le cahier des charges de la marque (270 jours). « Nous apportons un peu de maïs mais on se limite à 4 kg de matière sèche dans la ration. Le but étant de se rapprocher du cahier des charges et de la qualité fromagère d’un Saint-Nectaire ou d’un Comté ». En pâturage tournant, la ferme organise des paddocks de jour et de nuit. Christelle et Mickaël pratiquent également le topping, une fauche avant pâture permettant d’éviter les zones de refus. Les associés sont très vigilants sur la sécurité sanitaire. Au séchoir comme dans l’ensilage maïs, la présence de terre doit être limitée pour éviter le risque de listéria.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans notre numéro de mai 2024.

NB

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