La FNB se lance dans l’exportation

Les producteurs de viande bovine estiment que l’aval de la filière ne joue pas pleinement son rôle dans la conquête des marchés extérieurs. Et, plus largement, que l’interprofession n’est pas à la hauteur des engagements pris dans le cadre du « plan de filière ».

La Fédération nationale bovine (FNB) n’a pas digéré le long et difficile processus de ratification des indicateurs de coûts de production que lui a imposé l’aval de la filière viande – ratification finalement obtenue le 31 janvier dernier. Pour son président, Bruno Dufayet (notre photo), il s’agit désormais de « revoir complètement le fonctionnement de l’interprofession » (Interbev), a-t-il affirmé devant le congrès réuni les 5 et 6 février à Mende (Lozère). « Nous ne parviendrons pas à réussir le pari de la montée en gamme de nos productions si la valeur ne redescend pas dans nos exploitations (…) Nous ne parviendrons pas à ouvrir de nouveaux marchés valorisants pour nos produits si nous devons composer, dans la mise en œuvre de notre stratégie internationale, avec des industriels qui n’ont absolument aucun intérêt économique à aller à l’export ! (…) Nous ne parviendrons pas à avancer, ensemble, sur l’amélioration collective de nos pratiques sur le plan, par exemple, du bien-être animal, si un distributeur s’approprie un projet de filière en cours, tel que l’audit des abattoirs français, pour en faire une campagne de marketing individuelle. »

Un plan de filière sous « contrôle permanent » du ministre

Mais comment faire, alors, pour satisfaire aux objectifs ambitieux définis dans le « plan de filière » déposé par l’interprofession dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation ? Un plan qui prévoit notamment 40% de viandes sous label rouge dans les cinq ans et 30% de contractualisation dans toutes les catégories. Pour le président de la FNB, qui s’adressait à Didier Guillaume, « ces objectifs ne seront atteints qu’à travers un contrôle permanent de votre part, Monsieur le ministre. Un contrôle qui ne se limitera pas à une discussion avec les représentants de l’interprofession, mais qui permettra une évaluation précise des avancées concrètes obtenues vis-à-vis des objectifs que je viens de vous rappeler. Nous vous demandons donc, Monsieur le ministre, d’instaurer ce contrôle, à échéance régulière. Une évaluation devra être faite, dans un premier temps, tous les trimestres. Puis, à intervalle plus long si le bon sens et la responsabilité finissent par l’emporter ! Et il faudra, là encore, prévoir des contraintes, des sanctions dans le cas où les choses n’avanceraient pas correctement : nous vous demandons donc, Monsieur le ministre, de conditionner tout soutien public aux acteurs de la filière à la mise en œuvre concrète de ce plan. »

La FNB compte également sur le ministre de l’agriculture pour l’aider à « engager une véritable politique d’exportation de nos productions (…) Au vu du constat sur le fonctionnement de notre interprofession et des acteurs qui la composent que nous venons de faire, une chose est très claire, aujourd’hui : nous ne concrétiserons nos ambitions à l’international que si nous menons cette stratégie en dehors de l’interprofession. Je l’ai dit, nous savons pertinemment que tous les acteurs de la filière n’ont pas un intérêt à aller vers l’export. Nous devons donc regrouper uniquement ceux qui, aujourd’hui, ont intégré cet enjeu dans leur stratégie d’entreprise. Et nous devons repositionner les éleveurs au centre du dispositif. C’est pourquoi nous allons impulser la structuration d’une AOP nationale pour structurer cette offre à l’export et répondre au mieux aux besoins des entreprises qui partageront cette stratégie. »

Moins de vaches allaitantes dans les grands troupeaux ?

Dans son rapport d’orientation, la FNB s’interroge sur une « décapitalisation structurelle du troupeau allaitant (…) Il semble qu’une nouvelle période vient de s’ouvrir, ne pouvant se confondre avec un ajustement temporaire du troupeau allaitant. Les experts estiment en effet que les baisses des effectifs de vaches allaitantes depuis juin 2016 et les projections d’évolutions jusqu’à la mi-2019 pourraient se traduire par un recul de 10% du cheptel des vaches allaitantes. Cette décapitalisation semble procéder d’un arrêt de l’élevage dans un nombre croissant d’exploitations. Le rythme moyen de la baisse des détenteurs de vaches allaitantes s’est accéléré ces deux dernières années. La tendance moyenne annuelle sur les 10 dernières années était de moins 800 exploitations, chiffre qui a doublé ces deux dernières années. Quant aux troupeaux de plus de vingt vaches restant en activité, on n’enregistre pas, pour le moment, de décapitalisation interne massive. Il semblerait qu’on assiste à une réduction du nombre de vaches allaitantes dans les grands troupeaux. Le mouvement mérite toutefois d’être confirmé. »

BC

A télécharger : Le plan de filière viande bovine (Interbev, décembre 2017)

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