Damien Lacombe, président de Sodiaal Union, a estimé, le 13 juin en assemblée générale, que le prix du lait en 2018 sera, « selon toute vraisemblance, supérieur à celui de 2017 ».
Le volume de lait collecté par Sodiaal dans 70 départements a été quasi stable en 2017, à 4,73 milliards de litres. « Dans un contexte de cotations inédit (cours de la poudre de lait et du beurre aux antipodes) illustrant une nouvelle fois l’extrême volatilité des marchés laitiers, le travail mené par la coopérative a permis une amélioration du prix du lait payé aux sociétaires à 44 €/1000 litres », indique le groupe coopératif dans un communiqué. « Ainsi, le prix moyen 2017 s’est élevé à 320 €/1000 litres pour le lait 38/32 (toutes primes comprises, toutes qualités confondues) et à 342 €/1000 litres pour le lait entier, ristournes incluses. » Sodiaal, premier groupe coopératif laitier en France et n° 3 en Europe, comptait « plus de 20 000 sociétaires sur plus de 11 500 exploitations » au 31 décembre 2017.
Repli du résultat
La hausse du prix du lait payé aux producteurs Sodiaal ayant été répercutée de façon partielle sur les prix de vente, le chiffre d’affaires consolidé de la coopérative s’est élevé à 5,1 milliards d’euros. Pour sa part, le résultat courant consolidé de la coopérative a reculé pour atteindre 16,7 millions d’euros, contre 24 millions d’euros en 2016. Cette évolution globale est sous-tendue par des impacts très différents selon les métiers :
- Le métier fromages enregistre de bonnes performances, tant en volume qu’en valeur, et bénéficie des cotations élevées de la matière grasse et du lactosérum. A noter le retour des Fromageries Occitanes à l’équilibre, le plan de redressement entamé par Sodiaal après la fusion avec 3A ayant porté ses fruits ;
- Les voyants sont également au vert pour le métier Nutrition spécialisée, Nutribio enregistrant sa meilleure année en termes de rentabilité depuis sa création ;
- Le métier Ingrédients a en revanche souffert de la conjoncture sur l’activité séchage de lait et de la concurrence accrue sur le séchage du sérum ;
- Enfin, l’activité lait de consommation, crème et beurre a été fortement pénalisée par la baisse accentuée de la consommation de lait UHT demi-écrémé et par une moindre disponibilité de matière grasse.
De nouvelles modalités de fixation du prix du lait
Les délégués de Sodiaal Union ont approuvé de nouvelles modalités de fixation du prix du lait, basées « sur le mix produits de la coopérative, à savoir : 40 % de ses produits sont valorisés sur le marché français, dont des produits à marque, marque de distributeur et premier prix ; 40 % sont valorisés sur les marchés BtoB, de vente aux professionnels, la restauration hors domicile et l’export européen ; 20 % des volumes sont commercialisés sur le marché mondial, ce sont les produits dits beurre-poudre. » La nouvelle formule, présentée comme « plus lisible et plus réactive », avait fait l’objet, au long de l’année 2017, d’une expérimentation chez 80 éleveurs.
Une nouvelle règle de répartition du résultat
Conformément à la règle votée l’année précédente, le résultat courant dégagé par la coopérative en 2017 a été « réparti de la façon suivante : un tiers revenant aux producteurs sous forme de ristourne en numéraire, un tiers sous forme de ristourne capitalisée, un tiers mis en réserve impartageable pour investir dans l’avenir de la coopérative. Au titre du résultat 2017, deux tiers des 16,7 millions d’euros de résultat courant consolidé enregistré en 2017 seront redistribués aux adhérents. En y ajoutant l’intérêt aux parts, c’est la totalité du résultat courant, soit 16,7 millions d’euros, qui sera reversée. »
Cette présentation est contestée par l’Organisation des producteurs de lait (OPL) de la Coordination rurale dans un communiqué du 19 juin titré : « Sodiaal : qui peut encore comprendre quelque chose ? » « Sodiaal annonce avoir distribué 100% de son résultat 2017 à ses adhérents, soit près de 17 millions d’euros. En réalité, seuls 33 %, correspondant à peine à 1,20 €/1000 l, s’avéreront disponibles. Ce pourrait même être 0 pour ceux qui ne seraient pas à jour de leurs parts sociales, suite à la réévaluation au niveau supérieur déjà atteint par certains coopérateurs. Cette part de ristourne disponible, en moyenne à peine 500 € par exploitation, ne couvre par exemple même pas le coût d’une tonne de minéral ou ne compense pas la récente flambée du prix de l’urée ! Les deux autres tiers n’améliorent guère plus le sort des coopérateurs avec un tiers sous forme de placement long terme dans la coopérative (parts sociales) et le tiers restant mis en réserve impartageable de façon à continuer à investir, donc offert à la coopérative ! », écrit l’OPL.
Mise en œuvre du plan stratégique # Value
L’année 2018 marque la mise en œuvre du plan de transformation stratégique #Value, présenté à la fin novembre 2017. « La nouvelle organisation est effective depuis le début de l’année 2018 et la stratégie se déploie progressivement dans tous les métiers :
- En lait de consommation, le projet de revalorisation du segment ½ écrémé se concrétise depuis le mois de mai avec une nouvelle référence de Candia disponible dans les rayons : « Les Laitiers Responsables ». Il s’agit d’une offre qui repose sur un cahier des charges autour de 4 piliers (pâturage, meilleure rémunération des éleveurs, animaux nourris sans OGM, bien-être animal).
- En fromages, citons notamment le développement d’un cream cheese adapté aux exigences des restaurateurs des marchés asiatiques ainsi que l’ouverture d’un site de e-commerce pour valoriser le plateau d’une vingtaine de fromages AOP dont dispose Sodiaal (www.lesfromageurs.com)
- En ce qui concerne la nutrition spécialisée, l’usine de Montauban poursuit son développement sur le bio : après la mise en production d’une ligne dédiée à la production de sérum bio issu directement de lait de collecte (versus sérum issu du fromage), l’implantation d’une ligne de conditionnement vient d’être actée afin de faire de Montauban un site entièrement intégré pour la production de poudre de lait infantile bio.
- Sur les ingrédients, des développements sont en cours sur des profils de sérum déminéralisé avec des caractéristiques nutritionnelles spécifiques répondant à un marché premium. »
En parallèle, « le plan de performance visant à générer 150 millions d’économies durables en 4 ans est également sur les rails, afin de permettre à la coopérative d’investir dans sa stratégie de valeur. D’ici à deux ans, chacune des 25 usines du groupe fera l’objet d’un processus de « bottom-up » pour améliorer sa performance de façon durable. De 2018 à 2025, le plan prévoit d’investir 230 millions d’euros supplémentaires dans les usines de Sodiaal, en plus du niveau récurrent qui se situe entre 80 et 100 millions d’euros annuels. En 2017, ce sont 100 millions d’euros qui ont permis de conforter les outils industriels de la coopérative », précise encore Sodiaal.
BC
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