La production française de viande bovine, en repli de 4,1 % en 2022, est attendue en baisse de 1,5 % cette année.
La France a abattu 3,082 millions de gros bovins en 2022 (- 3,7 % sur un an) pour une production de viande de 1,197 million de tonnes équivalent carcasses (téc, – 4,1 %), a annoncé l’Institut de l’élevage (Idele), le 18 janvier. La moyenne est tirée à la baisse par les vaches laitières (- 5 %) et les jeunes bovins (- 5,3 %), et dans une moindre mesure les vaches allaitantes (- 2 %) et les génisses (- 0,9 %).
« La décapitalisation s’est amplifiée en 2022 », résume Caroline Monniot (Idele). En un an, le cheptel national a perdu 110 000 vaches allaitantes (- 3 % sur un an au 1er décembre 2022) et 80 000 vaches laitières (- 2,3 %). Depuis 2016, la France a perdu 837 000 vaches : 494 000 allaitantes et 343 000 laitières.
Hausse des importations
La consommation de viande bovine en France, « tirée par le haché », est parfaitement stable depuis trois ans : 1,488 Mtéc en 2020 et 2021, 1,492 Mtéc (+ 0,2 %) en 2022. « Le bœuf reste attractif par rapport aux autres sources de protéines animales dont les prix ont bien plus augmenté », explique Caroline Monniot. Les importations (383 000 téc en 2022 après 314 000 téc en 2021) compensent le repli de la production intérieure. Elles ont représenté 26 % de la consommation en 2022, soit un bond de 5 points en un an.
Pour 2023, le même type de scénario se dessine. L’Idele prévoit un repli de 1,5 % des abattages (- 1,6 % pour les femelles, – 1,1 % pour les mâles castrés, – 1,4 % pour les bœufs, – 2,5 % pour les veaux). Les importations de viande bovine approcheraient 400 000 téc, sans toutefois permettre un maintien de la consommation, attendue en baisse de 0,5 %.
Revenus : le grand écart
En 2022, « la pénurie a tiré les prix » des bovins, qui atteignent des niveaux « jamais atteints », constate Caroline Monniot. La hausse n’a pas été uniforme selon les catégories d’animaux. La cotation de la vache U a gagné 16 % sur un an quand la R s’appréciait de 24 %, la O de 40 % et la P de 46 %. Même chose pour les jeunes bovins : + 26 % pour les classés U, + 28 % pour les R, + 37 % pour les O. « La demande en viande hachée a tiré les prix des laitiers à la hausse, contribuant au rapprochement des prix des différentes conformations », explique la spécialiste.
En dépit d’une « envolée des prix des intrants » en 2022 (+ 16 % dans l’élevage bovin viande), les résultats courants avant impôts des élevages spécialisés ont fortement progressé l’an passé pour dépasser 20 000 € par actif non salarié selon le Réseau d’information comptable agricole (Rica), voire 35 000 € par actif non salarié dans les élevages du réseau Inosys (Idele-Chambres d’agriculture).
Ces moyennes dissimulent une « variabilité intra-systèmes, mais surtout des écarts croissants entre systèmes », souligne Caroline Monniot. Dans le réseau Inosys (265 élevages), un écart de résultats courants allant de 1 à 6 sépare les naisseurs-engraisseurs de veaux sous la mère (12 400 € en 2022) et les naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins avec cultures (72 400 €). Les naisseurs extensifs atteignent 15 900 €, les naisseurs intensifs 18 200 €, les naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins intensifs 28 200 €, les naisseurs avec cultures 55 600 €.
BC
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A télécharger :
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Fiche filière veau de boucherie (FranceAgriMer, 2 février 2023)
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