La collecte a continué à décrocher en novembre

La production laitière « devrait rester peu dynamique jusqu’au printemps 2019 », en France comme en Europe, prévoit le Cniel.

Les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer révèlent un décrochage de la collecte laitière en France en octobre (-3,1 % la première semaine en comparaison de 2017, -5,2 % la 2e semaine, -4,6 % la 3e semaine et -4,2 % la 4e semaine) puis en novembre (-4,9 % la 1e semaine, -4,3 % la 2e semaine, -4 % la 3e semaine, -4,6 % la 4e semaine dont -10,4 % en Bourgogne-Franche-Comté, et encore -4,1 % sur la semaine débutant le 26 novembre). Des chiffres qui soulignent la sécheresse persistante et la très faible pousse des prairies mesurée par le ministère de l’agriculture entre le 20 septembre et le 20 octobre derniers. En août 2018, la collecte s’était stabilisée (-0,1 %) avant d’entamer un repli en septembre (-1,7 % sur l’ensemble du mois, dont -3,9 % la dernière semaine).

Selon Benoît Rouyer, économiste au Cniel (l’interprofession laitière), cette « tendance devrait se poursuivre au cours des prochains mois par manque de stocks fourragers dans de nombreuses régions » françaises, prévoit-il dans une vidéo postée le 30 octobre. Le ralentissement de la collecte affecte aussi, plus ou moins sévèrement, les pays du nord et du centre de l’Europe. Par suite, la production laitière de l’UE, qui a commencé à baisser de 0,1 % en août, « devrait rester peu dynamique jusqu’au printemps 2019 ».

Vers une hausse des cours ?

« Le ralentissement de la production en France et dans de nombreux pays européens devrait induire une diminution des stocks de produits laitiers au cours des prochains mois », note encore Benoît Rouyer. « Le recul des cotations du beurre et de poudre de lait écrémé observé au cours des dernières semaines devrait donc s’interrompre » avant une possible « inflexion à la hausse des cours (…) si le recul de la production européenne venait à s’amplifier, comme c’est actuellement le cas en France et en Allemagne ».

Le prix du beurre facturé au cours de la semaine du 29 octobre au 4 novembre 2018 s’est établi en moyenne à 5 126 €/t en France, 4 600 €/t en Allemagne et 4 300 €/t aux Pays-Bas, renseigne FranceAgriMer dans une publication mise en ligne le 9 novembre. Le prix de la poudre maigre n’a pas dépassé 1 602 €/t, 1 610 €/t et 1 590 €/t respectivement.

Le stock de lait écrémé en poudre ramené à 170 000 t

« La moitié du lait écrémé en poudre acheté dans le cadre du stockage public depuis 2015 (190 000 tonnes sur un total de 380 000) a été remise sur le marché sans compromettre le fonctionnement de ce dernier ni le redressement du secteur », indique la Commission européenne dans un communiqué du 9 novembre. Le stock de poudre a même été ramené à 170 000 tonnes à la suite de l’adjudication du 22 novembre, précise Benoît Rouyer. Si « les prix du lait écrémé en poudre dans l’UE ont fluctué sous le niveau d’intervention (169,8 €/100 kg) au cours des douze derniers mois, constate la Commission, la situation s’améliore légèrement depuis mai 2018. » Quoi qu’il en soit, la cotation du lait écrémé dépassait à peine 162 €/100 kg au cours de la 3e semaine de novembre en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas.

Les prix du lait à la production dans l’UE, après être descendus à 320,9 €/t en mai 2018, ont commencé à se redresser, pour atteindre une moyenne de 348,3 €/t en septembre 2018 (359,8 €/t en France) et, selon les premières estimations, 357,1 €/t en octobre (382,7 €/t en France). Les prix du beurre ont dépassé 5 000 €/t au cours des six derniers mois. Toujours selon la Commission, « les prix du fromage dans l’UE restent satisfaisants, malgré une légère augmentation des stocks au niveau des fabricants. La demande de fromage des consommateurs apparaît plus soutenue que jamais. »

La collecte de lait dans l’UE a augmenté de 1,5 % sur les huit premiers mois de 2018 (+1,2 % en France) mais elle décélère depuis. Sur l’ensemble de l’année, la Commission table sur une progression de 0,8 %. « Les facteurs déterminants pour la production de lait au cours des derniers mois de l’année seront les conditions climatiques, mais aussi les prix du lait et des aliments pour animaux qui détermineront la capacité des agriculteurs à acheter des aliments pour animaux pour compenser la disponibilité réduite de fourrage consécutive à la sécheresse estivale. »

BC

A lire également :

Bruxelles prévoit un redressement du prix du lait (8 décembre 2018)

A télécharger :

Baisse de la collecte de lait de vache en octobre 2018 (ministère de l’agriculture, 14 décembre 2018)

Recul de la collecte de lait de vache en septembre 2018 (ministère de l’agriculture, 15 novembre 2018)

 

 

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