Le résultat brut de la branche agricole par actif non salarié progresse de 18 %, le résultat net de 28 %.
« En 2021, la production agricole en valeur augmente de 7,7 % », indique un document Insee Première rendu public le 7 juillet. « Cette forte augmentation est dominée par l’évolution des prix dans le contexte général de hausse du prix des matières premières. La hausse de la valeur de la production agricole est surtout marquée pour la production végétale (+12%), en particulier celle des céréales qui augmente de moitié, stimulée par la poussée conjuguée des volumes et des prix. En revanche, la production viticole connaît une baisse considérable en volume (-17,6 %). La valeur de la production animale croît à un rythme modéré (+1,7%), l’augmentation des prix compensant la baisse des volumes. »
« Dans le même temps, les consommations intermédiaires des agriculteurs augmentent de 3,3%, du fait essentiellement du renchérissement des prix de l’énergie et de l’alimentation animale. Sous l’effet de la forte hausse de la valeur de la production et de l’accroissement moins marqué des consommations intermédiaires, la valeur ajoutée de la branche agricole progresse nettement. Au total, d’après les estimations des Comptes nationaux provisoires de l’agriculture, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif augmente de 11,5% en 2021 en termes réels, après une baisse de 1,1% en 2020. » Le résultat brut de la branche agricole par actif non salarié augmente de 18 %, le résultat net (déduction faite de la consommation de capital fixe) de 28 %.
Moins de lait et de bovins livrés
« La production animale (hors subventions) décroît légèrement en volume (-2,1%). Elle diminue pour les gros bovins (-3,2%), les porcins (-2,5%), les ovins-caprins (-2,0%) et les veaux (-1,3%). Elle fléchit également pour les volailles (-1,7%) et le lait (-2%). En revanche, elle progresse pour les œufs (+3,5%). »
« Le prix de la production animale (hors subventions) progresse (+3,9%) du fait du prix des gros bovins (+5,9%), des veaux (+6,9%), des ovins-caprins (+8,7%), des volailles (+6,5%) et du lait (+4,3%). Cette hausse des prix s’explique par le dynamisme de la demande intérieure, conséquence de la réouverture progressive de la restauration collective, et par la fermeté de la demande mondiale, notamment en produits laitiers industriels. Seul le prix des porcins recule (-4,4%) pour la deuxième année consécutive, sous l’effet de l’affaiblissement de la demande asiatique et du niveau élevé des stocks européens. »
BC
A télécharger :
Comptes nationaux provisoires de l’agriculture en 2021 (Insee, 7 juillet 2022)
Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (Insee, 7 juillet 2022)
Résultats de l’agriculture française en 2021 (Chambres d’agriculture, juil. 2022)
Observatoire Cerfrance des grandes cultures en 2021 (22 juillet 2022)
Prix de compensation du coût de l’aliment (ministère de l’agriculture, 5 juil. 2022)
+3,55% pour l’indice des fermages 2022 (Journal officiel du 16 juillet 2022)
LES REACTIONS
« Les prix ne compensent pas l’explosion des charges » (FNSEA-JA)
« Les comptes nationaux provisoires de l’agriculture pour l’année 2021 sont parus ce jour. Le résultat brut de la branche agricole s’améliore de 16,6 %. Ce rattrapage par rapport à 2020 provient surtout de l’amélioration conjoncturelle des rendements et des prix de vente des grandes cultures, alors que les charges comptabilisées sont celles de 2020. Les autres filières ont des résultats plus mitigés, mais toutes sont confrontées à l’explosion de leurs charges d’exploitation », résument la FNSEA et les JA dans un communiqué.
« Si la situation semble s’améliorer en 2021 pour la céréaliculture grâce à de bons rendements et des prix haussiers, plusieurs incertitudes demeurent sur cette filière : les prix dépendent fortement du contexte international et cette volatilité n’est pas toujours en faveur des agriculteurs, avec des prix plus faibles au moment des ventes réelles, bien loin des prix spot des marchés spéculatifs. »
« En matière de souveraineté alimentaire, l’évolution à la baisse en volumes des productions animales, et l’impact des aléas climatiques sur les secteurs du vin, des fruits et des légumes sont préoccupants. »
« En parallèle, les charges agricoles, qu’elles concernent l’alimentation animale, les engrais ou l’énergie, s’accroissent toujours plus, rendant de plus en plus délicate la rentabilité des entreprises agricoles. Le ciseau des prix, déjà observable en 2021, même s’il n’est pas pris en comptes dans les analyses de la CCAN, se renforce de manière exponentielle en 2022 et fragilise le tissu économique agricole. Dans ce cadre, la profession travaille à une contractualisation entre les céréaliers et les éleveurs pour soutenir les filières fragilisées et faire face à la volatilité brutale des charges et des cours. »
« Dans un contexte géopolitique bouleversé par la guerre en Ukraine, des prix de plus en plus volatils, il est impératif de permettre aux agriculteurs de tirer un revenu décent de leur activité, afin de gagner en compétitivité et de relever le défi de la souveraineté alimentaire tout en assurant la protection de l’environnement. Le nouveau gouvernement français doit continuer de veiller à la stricte application de la loi Egalim 2, notamment dans le cadre des renégociations de tarifs en cours. Le comité de suivi des relations commerciales doit être efficace et permettre une meilleure répartition de la valeur au sein de la chaine agroalimentaire. Et dans ce contexte de crise sociale, un chèque alimentaire durable doit être mis en place par l’Etat pour aider les foyers les plus en difficulté et, par ce biais, contribuer à la bonne application de la loi Egalim en permettant aux agriculteurs de répercuter leurs hausses de charges dans leur prix de vente. »
« Des chiffres trompeurs et inquiétants » (CR)
« Bien que les chiffres provisoires publiés ce matin par la Commission des comptes de l’agriculture de la nation (CCAN) annoncent, pour l’année 2021, un résultat brut de la branche agricole en hausse de 16,6 % et un résultat brut de la branche agricole par actif non salarié en hausse de 19,9 %, l’analyse fine des données s’avère inquiétante », estime la Coordination rurale (CR) dans un communiqué. « Et pour cause, la valeur ajoutée par actif est liée à une diminution importante du nombre d’agriculteurs ! » (1)
« De plus, et c’est un fait historique, depuis trois ans, les volumes de production français baissent et ce ne sont pas les récoltes 2022 qui amélioreront la situation, bien au contraire. Quant à l’apparent bon résultat de la branche agricole, il est en trompe l’œil, car en décalage avec la hausse du prix de l’énergie, des engrais et de l’alimentation animale. Le rattrapage dans les comptes 2022 sera sévère ! », avertit François Walraet, représentant de la Coordination Rurale à la CCAN.
« La Coordination Rurale insiste sur ce point : ces signaux positifs cachent un affaiblissement de la puissance agricole. Les importations progressent plus vite que les exportations, et le solde des échanges commerciaux de produits agricoles diminue (- 22 %) pour la 2e année consécutive. Et si la balance des produits de l’agriculture est encore excédentaire, c’est uniquement grâce à trois productions : les vins et spiritueux, les céréales et, dans une moindre mesure, les animaux vivants. Les autres productions sont déficitaires : oléagineux, fruits et légumes, fleurs et plants. »
« La CCAN fait un travail intéressant de constatation d’une situation qui s’aggrave chaque année un peu plus, mais il n’y a aucune proposition politique pour corriger cette situation. Pire, les politiques européennes comme le Green Deal menacent plus encore la souveraineté alimentaire européenne. Même la Pac, en introduisant un verdissement peu réalisable dans les champs, abandonne sa mission d’assurer un niveau de vie équitable aux agriculteurs, de stabiliser les marchés, de garantir la sécurité des approvisionnements et d’assurer des prix raisonnables dans les livraisons aux consommateurs. La dérégulation totale des productions et des marchés est aujourd’hui accomplie et on ne peut que constater ses effets désastreux. Il est urgent d’avoir le courage politique de reprendre la main sur le marché ! », conclut la CR.
(1) Le résultat par actif non salarié est en partie dû à une baisse du nombre d’actifs (- 2,8 %), précise la CR.
« Des signaux négatifs pour l’élevage » (CP)
« Toutes les filières d’élevage soufrent du prix de l’alimentation animale. Dans toutes les filières, on assiste à une diminution de la production (avec une baisse moyenne de 2,2% pour le bétail et une baisse de 2,8% pour le lait), à une diminution du nombre d’éleveurs, à peine compensée par une augmentation des prix (+2,4% en moyenne pour le bétail et +4% pour le lait) qui, elle-même, ne parvient pas à compenser le renchérissement des intrants. Les accords de libre échange, en particulier celui qui vient d’être signé avec la Nouvelle Zélande, ne font qu’accentuer ces phénomènes où on livre en pâture une agriculture française à des agricultures artificiellement plus compétitives. Dans ces conditions, comment s’étonner de voir les éleveurs abandonner les uns après les autres, comment s’étonner d’assister, impuissants, à la céréalisation de nos espaces agricoles. »
« La situation des productions céréalières est particulièrement bonne cette année, avec un rattrapage des prix (+12% en moyenne) et une bonne récolte 2021. Cela nous amène à nous poser la question du juste prix des céréales, d’autant que nous entrons dans une période où le maître mot est la spéculation. »
« Pour les fruits et légumes, il faut noter une fois de plus la diminution de la production (avec une baisse de 17% en volume) dans quasiment toutes les filières. Seule une politique volontariste de protection de la filière permettra de stabiliser la production et le nombre de producteurs en les protégeant de coûts anormalement bas dans les pays qui pratiquent le dumping social et environnemental. »
« Les perspectives 2022 s’annoncent difficiles avec la guerre en Ukraine, la spéculation sur les céréales et l’envolée du prix de l’énergie. Le PSN (Plan stratégique national, ndlr) annoncé la semaine dernière en CSO (1) peinera à aider à remonter la pente car, malgré quelques petites avancées, il n’est pas question de toucher aux grands équilibres », conclut le communiqué.
(1) Conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole et alimentaire
« La baisse de l’emploi agricole non salarié se poursuit » (Modef)
« Après deux années de baisse, la valeur de la production de la branche agricole hors subventions sur les produits se redresse en 2021 (+7,7%) sous l’effet de la hausse des prix des produits agricoles », note le Modef dans un communiqué. « Cette hausse s’explique par une envolée du prix des céréales (+28,8%) et une légère augmentation des prix des productions animales (+3,9%). A l’inverse, le volume de la production de vins et de fruits chute sous l’effet du gel (respectivement -17,6% et -17%). »
« En 2021, l’emploi total baisse de 1,4% : la réduction de l’emploi non salarié se poursuit (-2,8%) tandis que l’emploi salarié croît de 0,8%. En dix ans, selon le dernier recensement agricole, le nombre d’exploitations agricoles est passé de 490 000 à 389 000. C’est un violent plan social qui s’est abattu, dans un silence assourdissant. Les agricultrices et agriculteurs qui continuent le font trop souvent au prix d’un insupportable endettement qui plombe leur vie. Les trésoreries des exploitations baissent chaque année. Il y a de plus en plus de dettes fournisseurs ! »
« Le Modef lance un appel à agir ! Nous demandons de nouveaux outils d’intervention des prix à la production. Le prix plancher constituerait un outil d’intervention puissant. Une telle mesure fixerait un prix minimal en dessous duquel ne peut être vendue une marchandise agricole. La rémunération correcte du travail paysan permettant de vivre décemment par des prix minimums garantis par l’État est un enjeu de progrès social. Une grande loi agricole inscrivant le travail agricole dans un processus de réponse aux défis du renouvellement des générations et de la sécurité alimentaire devient indispensable. Le Modef réclame un million de paysans pour retrouver la souveraineté alimentaire de la France. »
« Rebond confirmé du PIB agricole français en 2021 » (AGPB)
« L’Insee a publié le 7 juillet les Comptes provisoires 2021 de l’agriculture, montrant un rebond de 11,8% en euros courants de la contribution du secteur au PIB (valeur ajoutée brute au coût des facteurs), après la baisse de 5,4% en 2020. Une évaluation conforme aux chiffres prévisionnels provisoires diffusés en décembre (+11,5%) », commente l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) dans un communiqué. « Rapportée à l’actif, la hausse est de 13,3%, et de 11,5% en euros constants, dans la tendance observée depuis le début des années 2000. Cette évolution positive tient essentiellement à la décroissance de l’emploi agricole (-1,4%) et à la hausse des prix agricoles, en particulier végétaux (+12,1%), notamment en céréales (+28,8%) et oléagineux (+44%). La situation avait été plus contrastée pour les volumes, avec une situation favorable pour les céréales (+17,2%), mais très mauvaise en vignes (-15,5% en appellation, -23% en vins courants). Les consommations intermédiaires avaient déjà commencé à augmenter (+3,1%), mais très modestement en comparaison de ce qui se passera dans les premiers mois de 2022 avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. »
A télécharger :
Recours accru au salariat entre 2010 et 2020 (ministère de l’agriculture, 8 juillet 2022)
Age des exploitants et devenir des exploitations (ministère de l’agriculture, 8 juillet 2022)