Le transport des animaux vivants constitue trop souvent une variable d’ajustement des filières d’élevage, estime la Cour des comptes européenne.
« Chaque année, des milliards de bovins, porcins, ovins, caprins, volailles et chevaux sont déplacés dans l’UE ou au-delà à des fins de reproduction, d’engraissement ou d’abattage. Agriculteurs et producteurs de viande cherchent en fait à exploiter les différences de coûts entre les régions pour gagner en rentabilité. Or plus d’un trajet sur trois excède huit heures et les normes en matière de bien-être animal ne sont pas toujours respectées, ce qui soulève des questions quant à leur validité », note la Cour des comptes européenne dans un document d’analyse du 17 avril 2023.
Alors que la Commission européenne doit proposer une législation révisée en matière de bien-être animal d’ici à la fin de l’année, la Cour met en avant « plusieurs solutions pour éviter le transport d’animaux vivants. Rapprocher le lieu d’abattage du site de production : le recours à des abattoirs de proximité et à des abattoirs mobiles permettrait d’éviter de transporter des animaux et serait plus écologique. Les consommateurs sont également un important vecteur de changement : une enquête montre que certains sont prêts à payer leur viande plus cher s’ils ont l’assurance que le bien-être animal a été respecté. » Les auditeurs ajoutent qu’en étant « mieux informés, les consommateurs seraient plus à même de faire des choix éclairés lors de leurs achats. »
« Attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale »
« Instaurer un système d’étiquette relatif au bien-être animal au niveau des Vingt-Sept permettrait d’accroître la transparence et d’harmoniser l’étiquetage des viandes sur le territoire de l’UE. En définitive, les nouvelles règles pourraient également être l’occasion de promouvoir des changements structurels afin de rendre l’approvisionnement alimentaire plus durable. Plus concrètement, il faudrait mettre en place les mesures appropriées pour inciter les producteurs et les consommateurs à adopter un comportement durable. Enfin, attribuer une valeur monétaire à la souffrance animale pendant le transport et l’intégrer dans le coût de celui-ci et le prix de la viande est une option que les décideurs politiques européens pourraient envisager. »
« Les données sur le transport d’animaux vivants dans l’UE sont fragmentaires et la Commission européenne ne dispose pas d’une vue complète et centralisée », estime en outre la Cour. Selon elle, « le potentiel des technologies de l’information et les progrès technologiques pourraient être mieux exploités à cet égard. Par exemple, un système informatique mis en place au niveau de l’UE pour suivre tous les trajets des animaux vivants pourrait contribuer à centraliser les données. Dans le même ordre d’idées, l’utilisation de caméras et de capteurs permettrait de mesurer et de surveiller le bien-être animal pendant le transport. »
L’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa) avait rendu publics, le 7 septembre 2022, plusieurs avis scientifiques relatifs au bien-être des animaux vivants durant leur transport.
BC
A télécharger :
Les trajets élevage-abattoir (ministère de l’agriculture, 28 juin 2023)
Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 4 mai 2023)
Les Français et la condition animale (sondage Ifop/Fondation Brigitte Bardot, mars 2023)
Note de conjoncture mensuelle viandes rouges (FranceAgriMer, 2 mai 2023)
Les abattages de bovins toujours en repli (ministère de l’agriculture, 25 avril 2023)
Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 19 avril 2023)
Pas d’agriculture durable sans élevage (Interbev/GIS avenir élevage), 17 avril 2023)
Rapport d’information sur les aliments cellulaires (Sénat, 5 avril 2023)