Le rapport annuel de l’Observatoire des prix et des marges, dévoilé le 19 juin, montre une amélioration relative de la situation du maillon agricole en 2017, même si les prix à la production restent insuffisants.
« En 2017, sur la base des données collectées par l’Observatoire, les prix payés aux agriculteurs ont été à nouveau inférieurs à la réalité des coûts de production et n’ont pas couvert la rémunération du travail, ni du capital, et cela même en tenant compte des aides européennes, à l’exception, pour une assez longue période, du porc et, de manière marginale, du lait », écrit Philippe Chalmin, le président de l’Observatoire, dans son avant-propos (notre photo). Néanmoins, le partage des marges au sein des différentes filières s’est légèrement déplacé en 2017 si l’on en juge par l’évolution respective des prix aux stades de la production agricole (+3%), de l’industrie alimentaire (+1,4 %) et de la distribution (+1%), toutes productions confondues.
Redressement des prix en lait et en viande bovine
« Après les fortes baisses de 2014 et 2015 et la stagnation de 2016, l’année 2017 est caractérisée par une amélioration des prix à la production agricole avec une hausse moyenne de 3% par rapport à 2016. Parmi les produits agricoles des filières alimentaires suivies par l’observatoire, une hausse des prix à la production s’observe pour le porc (+6% en 2017, avec la reprise de la demande asiatique), les bovins de boucherie (+3,6%, hausse liée au recul des abattages de vaches laitières), le lait de vache (+13%, mais par rapport au très bas niveau de 2016), le lait de chèvre (+1,3%), le blé tendre (+4,6%, mais par rapport au très bas niveau de 2016) et les poissons (+5% en 2017, d’après l’évolution de l’indice des prix de gros). En revanche, le prix du blé dur à la production a continué de baisser en 2017 (-7% par rapport au niveau déjà bas de 2016), celui des légumes est également en baisse (-5%), le prix à la production des volailles et des fruits est stable. »
« Les prix des produits des industries alimentaires considérés globalement progressent en 2017 (+1,4%), après 3 ans de baisse. Dans les secteurs suivis par l’Observatoire, la hausse des prix sortie industrie concerne les produits laitiers (+3% dans l’ensemble, +23% sur l’ensemble beurres-poudres), les découpes de porc (+8,6%), le jambon cuit (+3%). En revanche, les prix de l’industrie baissent s’agissant des viandes bovines (-1,3%, toutes viandes bovines confondues) ». « Dans l’activité d’abattage-découpe de gros bovins, la hausse des coûts d’achat entrée abattoir n’est pas, en moyenne, compensée par celle des produits, d’où une baisse de la marge brute et, malgré un poids stable des charges, le résultat courant moyen des 9 premiers mois de 2017 baisse à 3 cts/kg de carcasse traité au lieu de 10 cts en 2016 sur la même période. Il passe de 1,8% des produits en 2016 (9 mois) à 0,6% en 2017 (9 mois). »
« Les prix à la consommation alimentaire, en baisse en 2014, quasi stables en 2015, enregistrent en 2017 une nouvelle hausse d’un peu plus de 1%, comme en 2016, et légèrement supérieure à l’inflation générale. Dans les filières suivies par l’observatoire, la hausse de l’indice des prix à la consommation est le fait de la viande de porc frais (+1,6%), du jambon (+1,4%), de la viande bovine (+1,2%), des fruits (+2%) et des légumes (+5%) et des poissons (+4%). L’indice des prix à la consommation révèle une baisse notable pour les pâtes alimentaires (-2%) et une quasi stabilité pour les volailles, les produits laitiers et le pain. »
Le « ciseau des prix » s’améliore en bovins viande
« Le coût au kilo de poids vif des élevages spécialisés de gros bovins de boucherie de type jeunes bovins augmente peu en 2017 tandis que le prix moyen entrée abattoir augmente. Par rapport à 2016, la rémunération permise s’améliore dans les systèmes « naisseur » et « engraisseur de jeunes bovins », mais elle reste stable pour les « naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins ». Cette rémunération n’atteint pas le standard de coût du travail familial retenu, soit 2 Smic bruts par unité de travail. Elle est de 1,2 Smic brut en élevage naisseur, 1,7 Smic en naisseur-engraisseur et 0,6 Smic en engraisseur. » Le rapport relève encore que « le ciseau des prix entre le prix des bovins viande à la production et celui des consommations intermédiaires (aliment, notamment) de cet élevage s’est amélioré » l’an passé.
« Sensiblement érodé en 2015 et 2016 par rapport aux années antérieures, le revenu moyen des producteurs spécialisés de lait de vache progresse en 2017. Le coût de production moyen national du lait de vache en élevage spécialisé, estimé hors rémunération calculée de l’éleveur, est quasi stable en 2017 par rapport à 2015, soit 344 €/1000 l en 2017 (contre 359 €/1000 l en 2015). Le prix moyen du lait s’améliorant, la rémunération permise des producteurs atteint en 2017 un peu plus de 120 €/1 000 litres (78 €/1000 l en 2016). »
BC
A télécharger : Rapport au Parlement 2018 de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires