Des marges de progrès en élevage bovin

Un rapport des Chambres d’agriculture pointe les « performances moyennes » des exploitations bovines françaises, en lait comme en viande.

La soi-disant érosion de la compétitivité de l’agriculture française mérite d’être relativisée, estiment les Chambres d’agriculture dans un rapport qui revient sur toute la période 1970-2020. Certes, la balance commerciale se dégrade. Certes, « les parts de marché que détenait la France au début de la décennie 2000 ont été divisées par deux en 2018 », du fait notamment de « l’intensification de la concurrence européenne ». Mais si l’on compare avec les autres segments de l’économie nationale, « l’agroalimentaire français se caractérise par un excédent commercial dont la longévité surprend. »

Le rapport suggère également de « nuancer le diagnostic souvent avancé que le coût salarial constitue l’explication première du décrochage de l’agriculture française. En réalité, d’autres postes (dépenses vétérinaires, coûts des intrants, y compris celui lié à l’alimentation animale) pèsent lourd dans l’amoindrissement de la compétitivité de la France. En revanche, certains atouts demeurent, à l’instar du coût du foncier, l’un des plus bas d’Europe, comparativement à celui en vigueur aux Pays-Bas, en Allemagne ou au Danemark. » Gros plan sur les filières bovines.

Lait : besoin de « productivité »

« Avec un cheptel moyen proche de celui de ses concurrents et des surfaces relativement grandes, l’élevage laitier français apparaît comme plutôt extensif. Sur le plan technico-économique, les performances des exploitations françaises ne les situent pas en haut du tableau avec un rendement laitier moyen de 6 856 kg par vache (contre 7 597 en Allemagne) et un ratio total des produits/total des charges qui est tout juste égal à 100%. La valeur de ce dernier ratio traduit bien la réalité ressentie par les éleveurs français quand ils disent que les résultats de leur activité couvrent à peine leurs dépenses. Ailleurs en Europe, les principaux concurrents des éleveurs français dégagent un ratio supérieur à 100%. »

« Les coûts de production des exploitations laitières françaises sont dans la moyenne haute des coûts observés chez les principaux États-membres présents sur les marchés laitiers ; il semble que ce résultat soit plus lié à un déficit de productivité qu’à un surcoût spécifique. L’amélioration de la compétitivité de l’élevage laitier français viendrait plutôt du côté d’une amélioration de sa productivité et de ses performances techniques. »

Viande bovine : besoin de « compétitivité »

« Parmi les grands pays de l’UE producteurs de viande bovine, la France se singularise par la présence sur son territoire d’un élevage allaitant important ; en dépit de cela, le commerce extérieur de la filière est déficitaire : l’excédent des échanges d’animaux vivants ne compense pas le déficit des échanges de viandes bovines. L’élevage allaitant français a des atouts : ce sont des élevages de grande taille qui mobilisent relativement peu de capital par rapport à ce qu’on observe ailleurs en Europe ; la raison principale de ce fait est que le foncier coûte nettement moins cher en France qu’ailleurs dans l’UE. S’agissant des coûts de production, ceux des exploitations françaises sont en moyenne plus élevés que ce qu’on observe dans principaux États-membres présents sur les marchés, en tout cas dans la filière naisseur qui est la filière qui exporte (des animaux vivants). »

« Les producteurs français de bovins viande ont-ils des points d’amélioration en termes de coûts de production ? Dans la comparaison de la structure de charges des élevages allaitants en Europe, le poids relativement important des amortissements dans l’élevage français est le signe que l’investissement des exploitations pèse sur leur économie. S’il devait y avoir un point d’amélioration dans la conduite économique des éleveurs, ça serait du côté de leur comportement d’investissement qui n’est peut-être pas optimal et qui pèse sur leur compétitivité. »

BC

(1) Réseau d’information comptable agricole

A télécharger :

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 24 février 2021)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 19 février 2021)

Les prix des viandes du 8 au 14 février 2021 (FranceAgriMer, 19 février 2021)

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 17 février 2021)

Lisez également

Les charges baissent moins vite

En septembre 2024,  selon Agreste, le prix d'achat des intrants agricoles continue de baisser, avec une diminution de 0,6 % par rapport au mois précédent (après une baisse de 0,9 % en août 2024).