Crise laitière : des actions symboliques

Confinement oblige, les actions « poudre de lait » annoncées par l’EMB et l’Apli, avec le soutien de la CR, n’ont pas dépassé les limites des exploitations.

La date du 7 mai n’avait pas été choisie au hasard par l’European milk board (EMB), l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) et la Coordination rurale (CR) puisque c’est le jour où s’ouvre le stockage privé de la poudre mis en place par l’UE. Confinement oblige, « chacun a dû rester chez lui » et manifester en famille, explique Sylvain Louis, président de l’Apli Nationale, qui fait état d’épandages de poudre de lait « dans toutes les régions » à raison de « 2 ou 3 fermes » par région. Une quinzaine de photos ou vidéos ont été mises en ligne par les organisateurs. Le même type d’opération se déroulait dans plusieurs pays d’Europe.

Dans un communiqué, la CR rappelle que ces actions « s’inscrivent en protestation des mesures récemment adoptées par la Commission européenne afin d’activer l’aide au stockage privé de produits laitiers (poudre, beurre et fromage) comme mesure de gestion de crise liée au Covid-19 ». Selon elle, « les stocks accumulés viendront peser sur les prix pendant de longs mois, comme ce fut le cas suite à la crise de surproduction laitière de 2015-2017. On peut dire que ces mesures sont prises au profit de l’industrie de la transformation, et non pour les producteurs. »

Une « surproduction structurelle »

La CR souhaite, comme l’EMB et l’Apli, « la mise en place d’un programme de réduction volontaire de la production coordonnée au niveau européen et veut en finir avec ces solutions pansements qui ne résolvent pas le problème de fond qu’est la surproduction structurelle ! », témoigne Sophie Lenaerts, responsable de la section Lait de la CR.

« Le Cniel a débloqué une enveloppe de 10 millions d’euros sur ses fonds propres afin d’inciter financièrement les producteurs laitiers français à réduire leur production . Nous saluons la décision de réguler la production, car telle est bien ici la seule solution envisageable. Cependant, si une telle mesure n’est pas coordonnée au niveau européen, elle est inefficace. C’est à l’UE de prendre ses responsabilités, il faut lancer un programme d’incitation à la réduction laitière qui puisse être accessible dans tous les pays européens, comme ce fut le cas du programme de réduction de 2016, qui fut une réussite », conclut Sophie Lenaerts.

BC

A télécharger :

Conjoncture lait de vache (FranceAgriMer, 11 mai 2020)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 11 mai 2020)

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