Coup de pouce à l’élevage

Gabriel Attal promet « 150 millions d’euros en soutien fiscal et social dès cette année et de façon pérenne ».

Au cours d’une conférence de presse, le 1er février à l’Hôtel Matignon, le Premier ministre a présenté de nouvelles mesures de soutien à l’agriculture qui ont convaincu la FNSEA et les JA de suspendre leurs actions. La Confédération paysanne appelle, de son côté, « à poursuivre la mobilisation, faute de réponse sur le revenu paysan ». La Coordination rurale, enfin, « reste sur sa faim ».

Les nouvelles mesures promises par Gabriel Attal, qui s’ajoutent à celles annoncées le 26 janvier, poursuivent plusieurs objectifs :

Mieux reconnaître le métier d’agriculteur

Le Premier ministre a annoncé : l’inscription dans la loi du principe de souveraineté agricole et alimentaire ; la publication d’un rapport annuel sur la souveraineté alimentaire, dont le premier volet sera publié avant l’ouverture du Salon international de l’agriculture ; l’inscription dès que possible de la proposition de loi sur les troubles du voisinage à l’ordre du jour du Sénat ; la mise en place d’un plan de souveraineté dans chaque filière agricole.

Redonner de la valeur à l’alimentation

Parmi les annonces : la mise en place d’une législation européenne sur la dénomination de la viande de synthèse ; la promotion massive de l’étiquetage de l’origine des produits au niveau national et européen ; l’accélération sur le respect des objectifs Egalim dans la restauration collective.

Redonner du revenu aux agriculteurs

Le Premier ministre a affirmé vouloir renforcer la loi Egalim et réfléchir à un « Egalim européen ». « Nos éleveurs ont besoin d’un soutien spécifique. Nous leur consacrerons 150 millions d’euros en soutien fiscal et social dès cette année et de façon pérenne. Un travail avec la filière permettra d’en préciser les modalités », a annoncé Gabriel Attal. Au sujet des retraites, « nous allons retravailler les propositions en cours sur le sujet des 25 meilleures années, je pense notamment à la proposition du député Julien Dive ; parce que la retraite, c’est toujours le fruit d’une vie de travail. »

Protéger contre la concurrence déloyale

Contre la concurrence déloyale, le Premier ministre a indiqué son refus à l’idée que la France signe le traité actuel UE-Mercosur et propose une réflexion sur la création d’une force européenne de contrôle contre la fraude, notamment sanitaire. Une clause de sauvegarde sur le thiaclopride sera mise en place (cet insecticide est utilisé pour lutter contre les insectes tels que les pucerons et les doryphores).

Simplifier la vie quotidienne des agriculteurs

Le délai pour former un recours contre un projet porté par un agriculteur sera divisé par deux : il passera de quatre mois à deux mois. Le Premier ministre a précisé que le Gouvernement mettrait bientôt en place un point d’étape sur le chantier de la simplification des normes. Il tient également à accélérer le plan eau du président de la République.

Lutter contre la surtransposition

Le Premier ministre souhaite reprogrammer le calendrier européen et le calendrier français concernant l’examen de réhomologation des produits phytosanitaires. Le plan Ecophyto, qui avait pour but de réduire progressivement de 50 % l’utilisation des pesticides en France d’ici à 2025, est mis à l’arrêt.

Assurer l’avenir

Le Premier ministre est revenu sur l’ambition gouvernementale d’assurer la pérennité de l’agriculture en France par les jeunes générations. À ce sujet, il a rappelé le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture présenté par le ministre Marc Fesneau le 15 décembre 2023.

Préserver la souveraineté face au changement climatique

« Nous avons déjà mis 1,3 milliard d’euros pour aider nos agriculteurs à lutter et s’adapter face au changement climatique », a rappelé le Premier ministre. « On continuera à être à leurs côtés, dans la durée. Parce que tout cela ne se fera pas en un jour, ou même en un an. C’est notre responsabilité que d’agir avec nos agriculteurs, et non pas contre eux, pour la transition écologique. »

BC

LES REACTIONS

« La bio abandonnée par le gouvernement et les syndicats » (FNAB)

« Alors que les barrages sont en train d’être levés suite aux annonces de Gabriel Attal, les agriculteurs et agricultrices bio se sentent les grands laissés pour compte de la négociation », écrit la FNAB dans un communiqué du 2 février. « Si la demande d’un plan d’urgence bio figurait bien dans les revendications, les bios n’ont pas été défendus à hauteur de leurs pertes réelles. »

« Les filières biologiques ont chiffré les pertes qu’elles subissent à 550 millions d’euros sur deux ans. En annonçant vendredi dernier une enveloppe de 50 millions d’euros pour la prise en charge des pertes bio 2023 qui, elles, s’élèvent à 300 millions d’euros, le Premier ministre a à nouveau montré son désintérêt pour la situation des fermes bio. « Aujourd’hui, on représente 16 % des fermes, ce n’est pas rien, on s’attendait quand même à une annonce complémentaire hier soir. Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous sommes déçus », explique Philippe Camburet, président de la FNAB.

« L’appel à mettre fin aux mobilisations alors que les bios ont été méprisés dans ces annonces interroge les agriculteurs biologiques sur la place qu’occupe aujourd’hui la bio dans les préoccupations syndicales. « Les parlementaires ont voté, tous groupes politiques républicains confondus, en faveur d’un soutien à hauteur de 271 millions d’euros, c’est ce qui est nécessaire pour soutenir la bio, pas un centime de moins », commente Philippe Camburet.

« La suspension d’Ecophyto n’est qu’une goutte d’eau de plus dans la désillusion des bios. « Ce plan, on l’attendait depuis longtemps, notamment parce qu’il devait apporter des réponses à des producteurs qui aujourd’hui sont contaminés par les herbicides de leurs voisins sans être indemnisés », explique Philippe Camburet.

« Pour la première fois dans l’histoire d’Ecophyto, le nouveau plan prévoyait une ligne dédiée au soutien au développement des filières bio. « Dans un moment où la bio connaît une crise de marché forte, ça nous semblait une bonne chose qu’Ecophyto prenne enfin la bio en main. »

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