La Mutualité sociale agricole (MSA) publie un Livre Blanc avec quinze propositions pour améliorer la place et le travail des femmes dans l’agriculture.
Un agriculteur sur trois est une agricultrice. Près de 4 salariés agricoles sur 10 sont une femme. Malgré la réalité de ces chiffres, « leur travail et leur place sont encore peu connus et reconnus dans notre société », déplore la Mutualité sociale agricole (MSA). Une étude menée en janvier 2024 auprès de 1020 femmes fait apparaître des « chiffres inquiétants » : 83 % d’entre elles – tous statuts confondus – constatent des inégalités femmes-hommes ; 66 % considèrent qu’il est plus difficile pour une femme de travailler dans le monde agricole. Plus grave, de nombreuses conjointes ne bénéficient pas du statut de collaboratrice, une avancée sociale acquise il y a 25 ans. La MSA pointe un refus d’affiliation de la part du conjoint, lié au coût. Or, il « paraît très raisonnable : 99 € par mois sur la base de l’assiette minimum de 8 000 €.»
Le modèle masculin domine les représentations
Les inégalités demeurent, à la fois dans l’accès aux métiers agricoles et sur le terrain des engagements syndicaux et professionnels. Le modèle masculin, relève la MSA, imprègne les représentations sociétales. « Trop peu de femmes salariées agricoles ou cheffes d’exploitation osent s’investir dans les instances agricoles car elles ne se sentent pas légitimes.» La gestion des tâches familiales, en plus de l’activité professionnelle, sont un frein majeur à la prise de responsabilité », estime Sabine Delbosc-Naudan, éleveuse en bovin viande dans l’Aveyron et administratrice à la MSA Midi-Pyrénées. La Sécu agricole soulève également des freins techniques à l’exercice du métier d’agricultrice comme « l’inadaptation du matériel à la morphologie et à l’anatomie d’une femme (taille, poids, ergonomie…).» Face à ces constats, l’organisme a décidé de s’engager en proposant 15 mesures : notamment des campagnes de communication pour sensibiliser à l’importance d’un statut pour les femmes, la mise en place d’un module « égalité femmes-hommes » en enseignement agricole, la création d’avantages fiscaux pour les femmes qui s’engagent. Côté santé, l’accès aux soins spécifiques (gynécologie, prévention dépistage), des visites pour les femmes salariées et non-salariées manipulant des produits spéciaux durant leur grossesse. La MSA préconise enfin la parité dans les commissions d’homologation du matériel agricole.
A retrouver dans notre magazine Grands Troupeaux de novembre 2024, un dossier consacré à l’installation au féminin.