Brucellose : l’« absurde » abattage total

Un troupeau laitier haut-savoyard, dans lequel un cas de brucellose avait été décelé en novembre, va être abattu.

Les éleveurs haut-savoyards vont « porter le ruban noir du deuil en soutien à la famille Forestier et son troupeau – 224 bovins en bonne santé – qui vont subir, ce mardi 4 janvier, l’application d’une réglementation inadaptée », annonce la Confédération paysanne dans un communiqué. Le syndicat « s’associe à la tristesse, la colère et à l’inquiétude ressenties par de nombreux paysans face à l’hécatombe programmée. »

« Tristesse de savoir que, malgré des moyens d’investigation et de suivi qui ont considérablement évolué depuis la mise en œuvre de la politique sanitaire animale, la seule réponse est encore et toujours l’abattage total. »

« Colère d’être confronté à une administration qui fait de la rétention d’informations et refuse de recevoir des éleveurs et des vétérinaires porteurs de propositions alternatives. Cet épisode sanitaire complexe pourrait justement être utile à la progression de la connaissance, et faciliter l’évolution d’une réglementation inadaptée. »

« Inquiétude pour les troupeaux, représentant plus de 12 000 ruminants, inalpés à proximité des bouquetins du Bargy qui risquent à tout moment de subir le même sort. Et, plus largement, inquiétude pour le devenir de l’élevage en plein air si, à la moindre alerte sanitaire, la seule réponse serait la vaine tentative d’éradication par l’abattage total d’un troupeau. Il est temps de modifier notre approche quant à la gestion de ce type de crise. Nous ne pouvons pas éliminer toutes les bactéries qui nous dérangent. Il faut renouveler la compréhension des équilibres naturels (végétaux, animaux, microbiens) et, au-delà des peurs irraisonnées, retrouver le respect de tout être vivant. »

Le précédent de la tuberculose

« Depuis 2015, suite à une forte mobilisation de terrain, des dérogations à l’abattage total sont accordées en France concernant une autre maladie réglementée, la tuberculose, lorsque le troupeau présente une très faible prévalence et que les animaux sont sains. La Confédération paysanne s’engage à agir nationalement et localement pour obtenir une révision de cette gestion absurde et rassurer les paysans qui souhaitent encore avoir des pratiques d’élevage conformes à la demande sociétale », conclut le communiqué.

La bactérie détectée en novembre 2021 dans le troupeau haut-savoyard – Brucella melitensis – est la même que celle qui affecte les troupeaux de bouquetins du massif du Bargy, indique une porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Savoie. En revanche, l’origine et le mode de contamination de l’élevage ne sont pas connus.

BC

A visionner : L’éleveur, une vétérinaire et le Directeur général de l’alimentation (DGAL) témoignent en vidéo (Brut Media, 3 janv. 2022)

A télécharger :

Lutte contre la brucellose dans le massif du Bargy (Anses, 6 janv. 2022)

Conjoncture hebdomadaire des viandes (FranceAgriMer, 10 janv. 2022)

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