L’exception bovins viande italienne

L’élevage bovin viande français, orienté vers le naissage, dégage une faible rentabilité en partie compensée par la taille des troupeaux. Mais, comme en lait, c’est l’Italie, spécialisée dans l’engraissement, qui s’en tire le mieux, montre une nouvelle étude du ministère de l’agriculture.

Les élevages français se distinguent par les cheptels les plus importants avec en moyenne 114 UGB de bovins (hors vaches laitières) sur la période 2012-2017, légèrement supérieurs à ceux des élevages anglais (99 UGB) et plus de deux fois supérieurs à ceux des élevages espagnols, italiens ou irlandais. Les recettes des élevages français s’établissent à 155 100 € en moyenne, un niveau proche de celui du Royaume-Uni mais très nettement supérieur à celui des autres pays. « Avec l’Espagne, l’Irlande et le Royaume-Uni, les écarts de recettes sont en grande partie le reflet de différences dans les tailles de cheptel. L’Italie se caractérise en revanche par un niveau moyen de recettes important au regard de la taille de son cheptel. Cet écart peut s’expliquer en partie par un système d’élevage davantage tourné, dans ce pays, vers l’engraissement, plus rémunérateur », alors qu’en France de nombreuses exploitations sont orientées vers le naissage.

Les frais d’alimentation mieux maîtrisés en France

Les frais spécifiques sont plus faibles dans les élevages bovins français. « Ils s’établissent à 43 100 €, soit 27,8% des recettes, contre plus de 35% dans les autres pays (43,9% au Royaume-Uni). » L’alimentation du bétail constitue « la majorité des frais spécifiques : de près de 60% pour les élevages français et irlandais à plus de 75% pour les italiens et espagnols. Comme pour le secteur laitier, les frais d’alimentation sont mieux maîtrisés dans les élevages français : ils représentent 15,7% de leurs recettes, soit le plus faible taux, contre plus de 20% dans les autres pays (35% pour les élevages espagnols). »

Les frais généraux des élevages français s’établissent à 45 100 € en moyenne, « un niveau 4 à 6 fois supérieur à celui de l’Espagne, l’Italie ou l’Irlande, pour un cheptel 2,5 fois supérieur. Ces écarts s’expliquent notamment par des frais d’entretien des bâtiments et du matériel et des frais de sous-traitance des travaux relativement élevés au regard des autres pays. »

Les amortissements plus élevés en France

Les dotations annuelles aux amortissements des élevages de bovins viande en France représentent en moyenne 26 800 € sur la période, soit 17,3% de leurs recettes. Comme pour les secteurs laitier et céréalier, le poids des amortissements est plus élevé en France que dans les autres pays. Les élevages français consacrent 37,8% de leur valeur ajoutée aux investissements (hors foncier), une proportion proche de celle du Royaume-Uni (39,7%). Les élevages espagnols et italiens investissent relativement peu : respectivement 5,4% et 10,1% de leur valeur ajoutée. Hors prise en compte du foncier, les investissements dans le secteur bovins viande portent principalement sur le matériel et les équipements, avec une proportion supérieure pour les éleveurs anglais et français (respectivement 69,4% et 66,4% de leur investissement total, hors foncier).

« Avec des fermages et amortissements plus élevés que ceux des pays voisins, le taux de rentabilité des élevages de bovins viande français (15,7%) est nettement inférieur à celui de l’Italie, de l’Espagne et de l’Irlande et seulement légèrement supérieur à celui du Royaume-Uni. La taille des élevages, tant en termes de cheptel que de recettes obtenues, est nettement supérieure pour la France et, dans une moindre mesure, pour le Royaume-Uni. Dans ce contexte, en dépit d’une faible rentabilité, le résultat moyen des élevages français (24 300 € par exploitation et 17 600 € par exploitant) reste légèrement supérieur à celui des autres élevages voisins, à l’exception de l’Italie », où le revenu d’exploitation atteint 33 500 € en moyenne sur la période 2012-2017.

BC

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