« Pas de catastrophe à venir »

En dépit d’une érosion des cours, la filière de la viande bovine continue de tourner, observe l’Institut de l’élevage. La menace pourrait venir d’abattages massifs de vaches laitières.

Les viandes de boucherie ont vu leurs ventes en grandes et moyennes surfaces (GMS) progresser de 14% entre la mi-mars et le début avril (semaines 12 à 14), a indiqué Philippe Chotteau, chef du département économie de l’Institut de l’élevage, le 9 avril devant la presse. Le steak haché a fait beaucoup mieux, en frais (+24%) comme en surgelé (+60%), sur les semaines 9 à 13. En parallèle, certes, la restauration hors domicile a plongé de 70 à 80%, pesant négativement sur la demande globale de viande bovine.

Du côté de l’offre, les abattages s’affichent en nette baisse, aussi bien en vaches (-10% pour les réformes laitières ces deux dernières semaines, -20% pour les réformes allaitantes) qu’en jeunes bovins (-4% en races à viande en mars, -20% en races laitières). L’exportation tend à se maintenir sur l’Italie et la Grèce, mais plus difficilement vers l’Allemagne. Les cours des broutards – dont les disponibilités sont attendues en baisse en avril : -7% pour les charolais, -3% pour les limousins – se maintiennent à des « niveaux corrects bien qu’en baisse sur ceux de 2019 ».

Besoin de stockage privé

La semaine dernière, la vache O (plutôt laitière) a perdu 8 centimes du kilo, tandis que la vache U (allaitante) gagnait 8 centimes. Parmi les autres pays exportateurs, « l’écroulement de la vache O est beaucoup plus marqué en Pologne, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Irlande ». En jeunes bovins, les prix français ont connu une « baisse généralisée ». Le marché du veau de boucherie « souffre » spécifiquement, comme ceux du lapin ou du canard, de la simplification des gammes décidée par les GMS pour faire face au manque de personnel autant que pour limiter le choix et réduire le temps de présence des clients en magasin. La situation du veau est pire, « catastrophique » même, aux Pays-Bas.

Au final, si la situation de la filière bovine française apparaît « précaire », Philippe Chotteau n’entrevoit « pas de catastrophe à venir », sauf si devaient intervenir des « abattages massifs de vaches laitières pour réduire la collecte, et si ces vaches, en plus, étaient mal conformées ». Bien que les disponibilités en animaux « restent raisonnables », la crise sera d’autant plus facilement surmontée que l’Union européenne mettra en place du stockage privé, ajoute le spécialiste.

BC

A télécharger : Le tableau de bord hebdomadaire des viandes (FranceAgriMer, 10 avril 2020)

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