La Confédération paysanne demande un « moratoire sur la méthanisation » tandis que la FNSEA et l’AAMF regrettent « l’exclusion de toutes les solutions gaz dans le programme de décarbonation des bâtiments neufs ».
La Confédération paysanne a rendu publique, le 12 janvier, une demande de « moratoire sur la méthanisation » adressée à la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili. « Technologie majoritairement industrielle encouragée par les pouvoirs publics, la méthanisation est présentée à la fois comme une énergie renouvelable, comme un complément de revenu pour les paysan.nes et comme une possibilité de s’affranchir des engrais de synthèse. Or, sur le terrain, de nombreux problèmes ont été mis en évidence : renchérissement du foncier, investissements importants sur les fermes qui risquent de figer les systèmes, concurrence entre cultures alimentaire et énergétique, gestion des digestats et risques accidentels sanitaires et environnementaux, notamment au cours des phases d’exploitation et de maintenance », fait valoir le syndicat dans un communiqué.
Selon la Conf’, « trop de végétaux qui ne sont pas des déchets alimentent les méthaniseurs, au détriment de la souveraineté alimentaire et de la solidarité entre paysan.nes. Le plafond de 15 % de cultures dites principales est beaucoup trop élevé pour permettre d’éviter des accaparements de terres massifs et les contrôles insuffisants. Ne reproduisons pas les erreurs commises avec les agro-carburants, qui ont entrainé une spéculation sur les denrées alimentaires et un changement d’affectation des sols désastreux. Alors que le gouvernement s’apprête à intensifier son développement, via la programmation pluriannuelle de l’énergie, la Confédération paysanne estime qu’il est urgent de réaliser un premier bilan de la méthanisation en France par des évaluations sur le terrain et une Analyse de Cycle de Vie (ACV) complète, prenant en compte l’ensemble des impacts environnementaux. »
« Une énergie vertueuse » (FNSEA)
Le point de vue est bien différent du côté de la filière du biogaz agricole. Dans un courrier adressé au Premier ministre, Jean Castex, le 21 décembre, puis rendu public le 12 janvier, les président(e)s de la FNSEA, Christiane Lambert, de l’AAMF, Jean-François Delaitre (notre photo), et de France Gaz renouvelables, Olivier Dauger et Jacques-Pierre Quaak, réagissent aux « grandes orientations de nouvelle réglementation environnementale 2020, notamment l’exclusion de toutes les solutions gaz dans le programme de décarbonation des bâtiments neufs, y compris le gaz renouvelable ». Ils « soulignent leur incompréhension face à l’incohérence de ce choix alors même que la méthanisation produit une énergie vertueuse à plus d’un titre et prometteuse d’externalités agronomiques, socio-économiques et territoriales qui ne peuvent être ignorées. »
« Alors même que plusieurs travaux sont menés conjointement par tous les acteurs de la filière et le gouvernement, comment expliquer en quoi la méthanisation n’a pas de rôle à jouer dans la décarbonation du parc immobilier ? Resté à date sans réponse, ce courrier que les quatre signataires ont décidé de rendre public ce jour, demande clairement au Premier ministre de bien prendre en compte l’ensemble des arguments fournis et recevables avant de finaliser de nouvelles réglementations contraignant à nouveau une filière pourtant volontaire et efficiente dans la lutte contre le réchauffement climatique », précise un communiqué.
BC