L’agriculture biologique a poursuivi son irrésistible ascension en 2018, en particulier dans les filières végétales.
L’Agence bio a dévoilé, le 4 juin, l’étendue des conversions enregistrées en 2018, dont le rythme ne faiblit pas, au contraire. Au 31 décembre dernier, la France comptait 41 623 exploitations engagées dans l’agriculture biologique, soit 4 932 de plus (+13%) en un an, ou encore 9,5% de l’ensemble des exploitations. Elles mettent en valeur 2,035 millions d’hectares (+17% en un an), soit 7,5% de la SAU, et emploient 100 300 personnes en équivalent temps plein (+13%). « Les exploitations bio emploient généralement plus de main d’œuvre non salariée (chefs d’exploitation…), de salariés permanents et moins de salariés temporaires que l’agriculture conventionnelle, ce qui suggère un emploi plus qualifié et moins précaire », note l’Agence bio, étude à l’appui. Par ailleurs, « les fermes bio apparaissent comme globalement plus performantes économiquement » (1).
Les grandes cultures bio ont connu un « développement sans précédent de +31% en 2017 et 2018, surtout dans les zones intermédiaires, ce qui va contribuer au rattrapage du retard en céréales bio », a souligné le nouveau président de l’Agence bio, Philippe Henry (notre photo), polyculteur-éleveur (céréales, vaches allaitantes, poules pondeuses) en Lorraine. Les surfaces consacrées à la production de légumes (+24%), de fruits (+20%) et de vignes bio (+20%) ont, elles aussi, « connu une accélération très forte ». Les effectifs de poules pondeuses bio ont bondi de 31% pour représenter 13,3% du cheptel national. La progression est moindre en poulet (+13,6% mais seulement 1,6% des mises en place). En porc bio, l’effectif de truies progresse de 20% mais il ne représente toujours que 1,3% du cheptel national.
En élevage ruminant, « les évolutions sont plus contrastées entre systèmes laitiers et allaitants bio. » Les progressions enregistrées l’an passé en brebis laitières (+20%), vaches laitières (+14%, après +27% en 2017) et chèvres laitières (+15%) permettent aux cheptels laitiers bio de représenter 10,8% en ovin, 9,1% en caprin et 6,2% en bovin. L’effectif de vaches allaitantes bio a progressé de 8% en 2018, celui de brebis viande de 6%. Les surfaces fourragères représentent les deux tiers des surfaces cultivées en bio. « Il est impossible d’envisager la bio en Europe sans les ruminants qui sont les seuls capables de digérer la cellulose et de fertiliser les champs bio », insiste Philippe Henry.
Lait bio : pas de crainte de saturation
La collecte de lait de vache bio a augmenté de 40% en 2018. En dépit d’une telle progression, « tout le lait bio a trouvé acheteur l’année dernière. Et les conversions restent soutenues », souligne Florent Guhl, le directeur de l’Agence bio. Mais n’y a-t-il pas un risque de surchauffe dans cette filière, comme tendrait à le montrer la baisse actuelle du prix à la production ? Philippe Henry ne se dit « pas plus inquiet que cela », tout en reconnaissant que « les à-coups sont durs à vivre pour la filière ». Il se rappelle la crise « conjoncturelle » vécue il y a une quinzaine d’années par le lait bio, qui a été dépassée sans casser le dynamisme de la filière.
Les prochaines années s’annoncent tout aussi porteuses pour l’agriculture biologique. L’Agence bio envisage une progression des surfaces certifiées bio « de l’ordre de 250 000 à 300 000 ha par an ». La consommation, elle, continue de tirer le marché. Elle a progressé de 15% en 2018 pour atteindre 9,7 milliards d’euros, soit près de 5% des achats alimentaires, sans dégradation du commerce extérieur. L’an passé, les ventes de produits animaux biologiques se sont même développées « plus rapidement que les années précédentes » : +21% pour les viandes, +25% pour les produits laitiers.
Benoît Contour
(1) L’Agence bio fait référence à l’étude à télécharger ici, pages 35 à 44 (Insee, 2017)
A télécharger :
Les chiffres 2018 du secteur bio (Agence bio, 4 juin 2019)
Infographies à consulter :