Au Gaec Maillard : l’Aura distribue 14 t de fourrage par jour

Les associés du Gaec Maillard ont misé sur le système d’alimentation automatisée de Kuhn, baptisé Aura pour alimenter leurs 450 bovins laitiers et allaitants. 

L’AURA DISTRIBUE CHAQUE JOUR 14 TONNES DE FOURRAGES AUX CHEPTELS LAITIERS ET ALLAITANTS DU GAEC MAILLARD.

En ce mois de mars, l’Aura finit son rodage. Pour l’instant, les éleveurs ne peuvent investir que dans des modèles de présérie. Au Gaec Gaillard dans l’Orne, les capacités de cette mélangeuse autonome sont mises à rude épreuve. Ainsi, ce sont près de 14 tonnes de fourrage qui sont distribuées quotidiennement. Signe que l’Aura remplit bien sa mission : elle mélange et distribue l’ensemble des rations avec une marge d’erreur de 0,5 % ! Ce chiffre provient de l’un des logiciels de gestion associés. Pleinement opérationnelle depuis le 24 janvier 2022, la machine effectue sa tâche avec brio et ce, dans un environnement loin d’être simple. Les chemins entre les silos et les différentes stabulations sont parfois bien pentus. Depuis la mise en route de la mélangeuse autonome, les éleveurs ornais n’ont essuyé aucune mauvaise surprise même si certaines améliorations sont attendues. Tous les éleveurs s’étant risqués à acheter des préséries bénéficieront des mises à jour, une fois la période de test terminée. 

POURQUOI CE CHOIX ?

Les frères Maillard ont vite perçu que l’Aura disposait de solides arguments : « Lors d’une visite en exploitation, nous avons observé la mélangeuse autonome préparer un bol et le distribuer, souligne Nicolas Maillard. Nous avions du mal à la suivre ! En 15-20 min d’observation, nous avons compris que c’était cet équipement qu’il nous fallait, nous qui réfléchissions sur l’automatisation de l’alimentation depuis 5 à 6 ans ». Il faut dire que la famille Maillard cultive un esprit pionnier depuis leur installation sur la commune de Saint-Bômer-Les-Forges. Ils ont notamment anticipé la mise en place des quotas dans les années 80 en produisant le plus de lait possible. Ils ont opté très tôt pour le robot de traite. Et, plus récemment, ils ont installé une unité de méthanisation d’une puissance de 250 kW.

Au Gaec Maillard, L’Aura prépare 18 bols et six rations différentes destinées aux vaches laitières en production, aux génisses, aux vaches taries, aux broutards, ainsi que deux autres rations spéciales (début et fin d’engraissement). Ici, l’Aura commence sa mission à 5h00 et tourne jusqu’à 19h45. Il lui faut 50 min maximum pour assurer un cycle (du début du mélange au retour à la base). Il prépare aussi bien une ration à base d’ensilage d’herbe et de maïs qu’une ration sèche pour les broutards. « Il n’y a rien à dire sur la qualité du mélange », estiment les éleveurs. La mélangeuse autonome débute par la paille (élément de base de toutes les rations) puis le foin (uniquement pour la ration sèche). Elle ajoute alors les concentrés et les minéraux et se rend ensuite au niveau des silos d’ensilage où elle commence par l’herbe et finit par le maïs. Puis, place à la distribution.

L’AURA PRÉPARE 18 BOLS ET SIX RATIONS DIFFÉRENTES. IL PERMET DE COUVRIR L’ENSEMBLE DES BESOINS DU CHEPTEL DU GAEC MAILLARD.

MEILLEURE FRÉQUENTATION DU ROBOT

S’il est encore trop tôt pour estimer avec certitude les bénéfices techniques et économiques obtenus grâce à la mélangeuse autonome, ces éleveurs constatent d’ores et déjà une hausse de la fréquentation du robot. « Nous sommes passés d’une fréquentation moyenne de 2,6-2,7 à 2,9-3, constate la fratrie Maillard. Les animaux ont toujours à manger sur la table d’alimentation. Et, au final, la circulation dans le bâtiment est plus fluide. Il n’y a plus de concurrence pour accéder à la table d’alimentation. C’est particulièrement important pour nous car nous manquons de place au cornadis. » Pour gérer les volumes à distribuer, les éleveurs se rendent sur le logiciel et indiquent les quantités à distribuer en modifiant les pourcentages (100 % étant le maximum). Ainsi, sur la table d’alimentation située à proximité des robots de traite, les éleveurs augmentent la quantité de ration distribuée car les vaches s’y restaurent dès la traite terminée. En bout de table d’alimentation, ils réduisent les volumes car cette zone est moins fréquentée. Ils peuvent également modifier le nombre d’animaux à alimenter. Côté atelier allaitant, à ce jour, aucun lot nourri avec l’Aura n’a encore été commercialisé. L’effet sur les GMQ(1) reste pour l’instant inconnu. « Toutefois, nous avons observé que le soir, les animaux sont plus calmes. C’est un signe qui témoigne de la satiété des jeunes bovins.» La réduction du temps d’astreinte liée à l’alimentation des animaux constitue à ce jour le principal bénéfice chiffrable. « Au préalable, avec notre mélangeuse de 12 m3 équipée d’une fraise de désilage, il nous fallait au minimum deux heures par jour pour préparer six bols. Le samedi matin, c’était même quatre heures de travail. Aujourd’hui, il nous faut moins d’une demi-heure pour gérer l’alimentation. Nous devons dépoussiérer le Lidar, l’antenne de l’Aura. Il nous faut également bien nettoyer le front d’attaque des silos pour que la machine ne se mette pas en alarme, car dès que l’Aura perçoit un volume devant elle, elle s’arrête. Nous devons également remplir les cases de stockage avec de la paille et du foin…»

 

250 000 € D’INVESTIS DANS L’AURA

     

Première bonne surprise, la consommation annoncée par le constructeur est supérieure à celle mesurée sur le terrain par les éleveurs : « nous avons constaté une consommation horaire de l’ordre de 3,6 litres de GNR au lieu des 4 litres annoncés par Kuhn ». La contenance du réservoir s’affichant à 240 litres, les éleveurs refont le plein de fioul tous les 4,5 jours. C’est beaucoup moins qu’avec la mélangeuse traînée. Parallèlement, le moteur doit être vidangé toutes les 500 heures. Au Gaec Maillard, la mélangeuse autonome est appelée à travailler environ 5 000 heures par an à régime constant. Et s’il est encore trop tôt pour annoncer la durée de vie d’une mélangeuse autonome, le constructeur entrevoit la possibilité de vendre des machines d’occasion. Au niveau pratique, l’intégration de l’Aura dure quatre semaines. La première semaine sert à l’installation, aux premiers tests, à la calibration des installations périphériques… La deuxième semaine, l’Aura débute ses premiers cycles. La troisième semaine, l’Aura reste sous assistance. L’équipe technique forme les utilisateurs. La dernière semaine est consacrée à l’optimisation des réglages : temps de mélange, positionnement des silos de correcteurs ou d’additifs…

Au niveau assurance, l’Aura s’assure comme un véhicule mobile qui ne se déplace pas sur la voie publique. Côté finances, les éleveurs ont investi 250 000 € dont 25 000 € pour le réseau wifi. Ils ont également engagé 20 000 € pour l’installation de cellules et de la tuyauterie servant à alimenter la mélangeuse autonome en concentrés divers. Désormais, l’élevage fonctionne avec son propre réseau internet. Pour se localiser à l’extérieur, l’Aura s’appuie sur les signaux GPS avec correction RTK(2). Dans les bâtiments, la machine autonome utilise le Lidar (un système de guidage laser) et mise sur l’odométrie(3). Elle s’arrête ainsi dès qu’un obstacle est détecté. Parallèlement, lorsque la fraise entre en action lors du désilage, l’arrivée d’une personne sur les côtés provoque un arrêt immédiat. Il faut donc veiller à maintenir un silo propre et ne pas oublier de déplacer la bâche et les pneus qui la maintiennent sinon, la machine détectant un obstacle, s’arrêtera de fonctionner. Dès que les éleveurs remplissent les cases de stockage en foin et paille, ils doivent saisir ces informations dans le logiciel pour que l’Aura s’attende à trouver les fourrages à l’endroit indiqué. De même à l’ouverture des silos, des murs latéraux amovibles devront être ajoutés car l’Aura est programmé pour qu’il y ait une distance de sécurité entre le front du silo et le début du mur.           

https://fb.watch/dWVJv5xhQd/

ERWAN LE DUC

 

  1. GMQ : gain moyen quotidien
  2. RTK :  Real Time Kinematic ou cinématique en temps réel 
  3. Odométrie : technique permettant d’estimer la position d’un véhicule en mouvement.

 

 EN CHIFFRES…

LE GAEC MAILLARD (ORNE) ((pointez vers Saint-Bômer-les-Forges, Orne))

  • deux associés et trois salariés ;
  • une SAU(1) de 240 ha ,dont 105 ha de maïs, 60 ha de blé et 15 ha d’orge + une production en dérobée (ray-grass italien et trèfle incarnat, avoine et vesce, seigle);
  • une moyenne de 115 Holsteins à la traite ; 
  • une production quotidienne de 34 kg de lait en mars ; 
  • 10 000 kg en moyenne par lactation avec un TP(2) de 33 g/l et un TB(3)  de 43 g/l) ;
  • une unité de méthanisation d’une puissance de 250 kW ;
  • deux robots de traite Lely A4 ;
  • un système d’alimentation automatisé Kuhn Aura ;
  • un atelier d’engraissement de 270 places.

 

  1. SAU : surface agricole utile
  2. TP : taux protéique
  3. TB : taux butyreux

Lisez également

« Le Groupe Bel a défendu notre revenu »

À l’heure où les relations sont souvent tendues entre les collecteurs et les producteurs laitiers, les associés du Gaec Curtat louent l'attitude du groupe Bel. Ces éleveurs ont mis le cap sur l’autonomie et la qualité et s’en trouvent récompensés.