Les négociations laitières citées en exemple

Les négociations commerciales 2019 traduisent « une amélioration de la situation du secteur laitier », estime le gouvernement. L’industrie de transformation (Fnil) relativise.

Didier Guillaume, ministre de l’agriculture et de l’alimentation (notre photo), et Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, ont réuni, le 16 avril, les représentants des producteurs, des transformateurs et des distributeurs dans le cadre d’un comité de suivi des relations commerciales. A cette occasion, le médiateur a présenté un bilan des négociations pour 2019. Celui-ci « confirme une amélioration de la situation du secteur laitier, mais, pour les autres secteurs, les progrès sont encore insuffisants au regard des objectifs des Etats généraux de l’alimentation de création et de meilleure répartition de la valeur vers les producteurs agricoles et les transformateurs. Les ministres ont insisté sur la nécessité d’aller plus loin, et de poursuivre et multiplier les initiatives visant à garantir une rémunération plus équitable des agriculteurs. A cet égard, des engagements ont été demandés sur les marques de distributeurs, qui ne sont pas concernées par les négociations commerciales annuelles », précise un communiqué des deux ministères.

Didier Guillaume a « remercié les industriels et les distributeurs pour leur implication qui a permis, pour la première fois, d’établir un bilan partagé des négociations commerciales avec des chiffres. 2019 sera la première année de cet observatoire des négociations commerciales. La dynamique doit être poursuivie et consolidée. » En particulier, « la négociation en cours sur les contrats entre industriels laitiers et les producteurs doit aboutir en prenant en compte les indicateurs de coûts de production et de prix de marché. »

Prudence de la Fnil

« Plusieurs accords commerciaux entre nos entreprises et la grande distribution ont permis une légère amélioration pour les
marques nationales lors des négociations annuelles nationales qui permettront de faire évoluer les prix par rapport à 2018 », reconnaît la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil) dans un communiqué du 24 avril. Ces premiers effets relatifs de la loi ont fait dire à bon nombre d’observateurs – y compris les pouvoirs publics – que notre filière était exemplaire en la matière. Or, les négociations commerciales ne se résument pas à ces accords qui ne concernent qu’une partie limitée des volumes de lait transformé. En outre, s’agissant des marques distributeurs, nous craignons un décalage important entre les promesses et la réalité des contrats, les négociations actuelles pouvant se révéler aussi décevantes que les espoirs étaient grands. »

« La création de valeur doit concerner l’ensemble des négociations commerciales si l’on souhaite que les éleveurs vivent mieux de leur travail et que les entreprises retrouvent les moyens d’acheter leurs matières premières, concevoir leurs produits, rémunérer leurs employés et investir pour innover et monter en gamme, avertit Robert Brzusczak, président de la Fnil. C’est à ce prix qu’elles pourront rester compétitives, notamment à l’international. Si tel n’était pas le cas, le secteur laitier entrerait à nouveau dans une période de grande instabilité ».

« Un Etat arbitre un peu perdu » (CR)

« Le ministre de l’Agriculture et la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des finances reconnaissent l’échec de la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans l’agriculture », analyse la Coordination rurale (CR) dans un communiqué du 17 avril. « Lors de la réunion du comité de suivi des relations commerciales, Didier Guillaume a reconnu ne pas savoir qui disait vrai entre les GMS et les transformateurs en indiquant l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les marges de la grande distribution pour faire toute la lumière sur cette question. Pour finir, il a conforté et encouragé la DGCCRF dans ses contrôles. »

La CR « reconnaît qu’il y a besoin de plus de transparence dans les marges, et pointe justement du doigt les premiers acheteurs des agriculteurs : les coopératives et l’agro-industrie. Le syndicat attend toujours la publication de l’ordonnance sur les prix abusivement bas qui doit permettre à un agriculteur de se retourner contre un acheteur qui pratique des prix prédateurs, ainsi que l’ordonnance relative à la gouvernance des coopératives. La CR demande également l’évolution des missions de l’Observatoire de la formation des prix et des marges afin qu’il devienne un véritable outil permettant la transparence des marges et l’obtention de véritables données sur les coûts des agriculteurs. »

BC

(1) Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

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