Pourquoi adhérer à une OP ?

Les organisations de producteurs constituent le meilleur moyen d’établir collectivement un rapport de force avec les industriels privés. Invitée par l’OPLGO (OP Lactalis du grand ouest), Brigitte Missonne a rappelé leurs principales caractéristiques à Ernée (Mayenne). Les éleveurs français ont du mal à y adhérer et ce, contrairement à leurs voisins allemands. Plaidoyer pour des entités appelées à prendre leur envol.

L’OP est la seule entité habilitée à négocier le prix du lait.
Les OP ne doivent pas être considérées comme une énième couche dans le millefeuille des organisations professionnelles agricoles. Ce sont en effet les seules entités en capacité de négocier avec un transformateur  ou un collecteur des contrats et donc des prix couvrant la production de lait cru de ses membres. Adhérer à ce type de structure reste une démarche volontaire. Le volume total de lait cru négocié par une OP ne peut dépasser 3,5 % de la production européenne ou 33 % de la production nationale. Brigitte Misonne, fonctionnaire de la Commission européenne au sein de la direction générale de l’Agriculture, l’a martelé, seules les organisations de producteurs peuvent négocier le prix du lait avec les collecteurs privés. L’Interprofession ou la FNPL ne peuvent s’en charger. « Si l’Interprofession ou tout autre organisme se chargeait de la négociation du prix elle devrait le notifier à la Commission qui serait alors dans l’obligation de transmettre la question auprès des autorités de la concurrence. L’issue du dossier ne laisse planer aucun doute : ce type d’accord serait immédiatement jugé comme incompatible avec la réglementation de l’Union européenne. »
En France, la durée du contrat est fixée à 5 ans, une durée bien plus longue que dans les autres pays européens.

Les OP ont été créées pour rétablir un rapport de force entre les producteurs
Les OP se sont largement développées en Allemagne. S’il ne s’agit pas de copier systématiquement le modèle allemand, force
est de reconnaître qu’en matière de négociations sociales et commerciales, ce pays constitue un modèle. Et si au départ, nos voisins d’Outre-Rhin n’ont pas vu d’un bon œil la création de ces entités, jugeant que leur organisation de la filière garantissait suffisamment d’échanges entre les producteurs et les transformateurs, ils ont revu leur jugement. Fin 2016, il existait en
Allemagne 158 OP reconnues, contre seulement 63 en France. Au total, 37 % des volumes laitiers font l’objet de discussions collectives sur le prix contre seulement 24 % en France. Au final, si nous ajoutons les volumes produits par les organisations coopératives, nous constatons qu’en Allemagne, les producteurs ont leur mot à dire sur la commercialisation de presque toute et leurs transformateurs afin que les intérêts de chaque partie soient pris en compte.

Cet article est un extrait de Grands Troupeaux Magazine de mars 2018.

 

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