Un « contrôle technique » tous les deux ans

L’interprofession (Cniel) vient d’arrêter 16 indicateurs du bien-être des bovins laitiers applicables à tous les types d’exploitations.

« Il s’agit d’une démarche de progrès, dans l’échange avec l’éleveur, pas de répression », expliquent Daniel Perrin (FNPL) et Nadine Ballot, en charge du dossier au Cniel. Pas d’une nouvelle segmentation de marché, comme le « lait de pâturage » ou le « sans OGM », mais d’un « socle de base » qui sera adossé à la Charte des bonnes pratiques d’élevage. L’initiative s’inscrit dans le plan de filière (« France Terre de Lait ») adopté en décembre 2017 par le Cniel. Elle poursuit trois objectifs : valoriser les savoir-faire des éleveurs, mettre en place les conditions d’une démarche de progrès, apporter des réponses aux clients (industriels, distributeurs et consommateurs) pour, in fine, « renforcer la compétitivité et l’acceptabilité des élevages ».

Les critères de bien-être retenus, « facilement observables et mesurables », ont fait l’objet d’auto-évaluations par les administrateurs de la FNPL. Des tests « grandeur nature » ont également été réalisés dans 75 fermes par 21 conseillers de laiteries, de sorte à s’assurer de leur compréhension et de leur acceptation par les éleveurs comme par l’aval de la filière. « Le travail sur le bien-être animal sera accroché à la Charte des bonnes pratiques d’élevage, qui constitue déjà une condition d’accès au marché. » Toutes les exploitations laitières seront diagnostiquées une première fois entre janvier 2020 et la fin 2021, puis revisitées tous les deux ans.

Les 16 indicateurs choisis par le Cniel, « issus de démarches scientifiques pour être recevables par les autres parties prenantes », répondent aux « 5 libertés fondamentales » (1) des animaux d’élevage. Les évaluations réalisées en ferme seront entrées dans l’outil BoviWell de Moy Park Beef Orléans, le principal fournisseur de steaks hachés de McDonald’s en France, ou « tout autre outil équivalent », de sorte à « définir un score pour chacun des indicateurs » et à attribuer une « note finale ». Selon le résultat, « soit l’éleveur sera charté, soit il entrera dans une démarche de progrès avant un nouveau diagnostic. Un peu comme un contrôle technique automobile », explique Daniel Perrin.

Les 16 indicateurs 

  • place à l’auge : appréhender la satisfaction des besoins des vaches
  • note d’état corporel : évaluer le gras sous-cutané du quart arrière de la vache
  • place pour l’abreuvement : appréhender la satisfaction des besoins en eau
  • propreté du poil : évaluer l’absence de plaques sèches sur les zones des animaux en contact avec le sol et sur la mamelle (grille Normabev)
  • place de couchage : évaluer l’espace disponible pour les vaches
  • blessures : observer la présence d’abrasions, de lésions, de gonflements
  • boiteries : évaluer la démarche altérée ou la posture antalgique des vaches (site internet boiteries-des-bovins)
  • infections de la mamelle : nombre de mammites cliniques et concentration cellulaire des laits de mélange (tank éleveur)
  • mortalité des vaches
  • mortinalité des veaux de 0 à 48 heures
  • plan de gestion de la santé : infirmerie, carnet sanitaire, bilan sanitaire d’élevage
  • ébourgeonnage : mode opératoire et prise en charge de la douleur
  • colostrum : échanger avec l’éleveur sur sa pratique de distribution aux veaux
  • accès à une aire d’exercice : possibilité pour chaque vache de se déplacer librement
  • gestion des événements climatiques extrêmes : chaleur, vent, humidité…
  • distance d’évitement entre la vache et l’évaluateur.

Benoît Contour

(1) Les « 5 libertés fondamentales » : ne pas souffrir de la faim ou de la soif ; ne pas souffrir d’inconfort ; ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies ; pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce ; ne pas éprouver de peur ou de détresse.

A télécharger :

Le rapport du CESE sur le bien-être animal (27 novembre 2019)

Choisir un brise-vent (Institut de l’élevage, 2019)

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