– 0,5 kg de lait avec les maïs 2020

« Un cru correct à l’Ouest, très hétérogène du Centre à l’Est, des écarts croissants entre régions », résume Arvalis.

Michel Moquet, spécialiste maïs fourrage, et Huques Chauveau, zootechnicien à l’Institut du végétal (Arvalis), ont fait le point, le 13 novembre en visioconférence, sur la campagne 2020. Les surfaces se sont maintenues autour de 1,4 million d’hectares, un chiffre assez stable depuis vingt ans. La douceur des températures en avril et en mai a favorisé de « bonnes conditions de démarrage » dont les semis précoces ont tout particulièrement profité. Par la suite, les cultures ont dû faire face à « une forte pression de corvidés un peu partout », à divers coups de vent, à la « progression de la résistance des graminées aux herbicides », et surtout à la quasi absence de pluie entre le 1er juillet et le 10 août, qui a cependant épargné le Grand Ouest et les bords de la Manche.

11,9 tMS/ha

Résultat : « des rendements hétérogènes, en baisse dans la plupart des régions, et des écarts croissants entre régions ». Néanmoins, la Bretagne (13 tonnes de matière sèche par hectare), les Pays de la Loire (12 t/ha), le Nord-Pas-de-Calais (15,3 t/ha), la Picardie 14,5 t/ha) et l’Alsace (14,4 t/ha) font mieux que la moyenne quinquennale (2015-2019). La Normandie sous-performe mais reste au-dessus des 13 t/ha. Des rendements anormalement faibles sont observés en Bourgogne (7,2 t/ha), dans le Centre (7,7 t/ha), en Rhône-Alpes (8,2 t/ha), en Auvergne (8,5 t/ha), en Lorraine (8,9 t/ha) ou en Franche-Comté (9,1 t/ha). « Les plantes résistant au sec ne font pas mieux », relativisent les experts d’Arvalis. Au niveau national, le rendement en maïs fourrage s’établit à 11,9 t/ha, contre 12,4 t/ha en moyenne quinquennale. La production est estimée en hausse de 1,6 % à 16,6 millions de tonnes, selon les prévisions au 1er novembre 2020 du ministère de l’agriculture, qui précise que « le partage maïs-grain maïs-fourrage pourra être révisé lors des prochaines estimations ».

33,7 % MS

Pour apprécier la qualité du millésime 2020, Arvalis et ses partenaires en régions ont analysé 11 599 échantillons de maïs. « La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte, à 33,7 % MS, est conforme aux préconisations. Cependant, l’hétérogénéité reste importante et bon nombre de maïs ont été récoltés tardivement : 37 % des chantiers d’ensilage ont été réalisés à plus de 35 % MS. La part la plus élevée de chantiers d’ensilage réalisés à une teneur en MS trop élevée se situe dans les régions Centre, Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes. Dans ces régions, les teneurs en amidon sont pourtant faibles à moyennes ; ce n’est donc pas le grain qui a tiré la matière sèche vers le haut mais plutôt le desséchement de l’appareil végétatif. Ailleurs, malgré des teneurs en grains correctes (Centre-Ouest) à élevées (bordure Manche), le stade de récolte a été globalement bien maîtrisé, notamment grâce à des températures modérées en fin de cycle. »

28,3 % d’amidon

« La teneur moyenne en amidon est de 28,3 % (± 6,5 %) à l’échelle de la France, inférieure de 1,4 point par rapport à 2019. Comme l’année passée, une très grande variabilité entre les régions est observée. Les maïs récoltés sur la bordure Manche et en Aquitaine sont globalement bien pourvus en grains, avec de bons rendements, et relativement homogènes. En revanche, les teneurs en amidon sont plus limitées dans les autres régions. Sur la zone Centre-Ouest, les maïs présentaient dans l’ensemble de bons gabarits et les rendements sont très corrects. Le retour des pluies à la mi-août a permis d’assurer le remplissage des grains dans de bonnes conditions, excepté dans quelques situations (dans les terres les plus superficielles) où les maïs avaient déjà été ensilés. La teneur en amidon moyenne sur cette zone, à 25,6 % (± 7,7 %), est donc assez variable. Sur la zone Centre-Est, la teneur en amidon moyenne des ensilages de maïs est 24,1 % (± 7,6 %), avec une très forte variabilité intra-région. Les régions Lorraine, Champagne-Ardenne, Bourgogne et Centre-Val de Loire ont été particulièrement touchées par le déficit hydrique persistant jusqu’à la récolte. L’hétérogénéité constatée intra-région s’explique par des différences de potentiel de sol, des orages très localisés dans certaines zones et la possibilité d’irriguer ou non. »

53 % de digestibilité

« La digestibilité des fibres (dNDF) est bonne cette année, avec une moyenne égale à 53,0 % (± 3,6 %), soit un point de plus qu’en 2019. Ce haut niveau de digestibilité des fibres se retrouve notamment dans les régions où les ensilages ont été récoltés précocement ; c’est le cas de l’essentiel des maïs récoltés sur la zone Centre-Est, qui présentent un niveau de dNDF moyen de 56,1 %, soit 3 points de plus que la moyenne nationale. Sur ces secteurs, les ensilages ont commencé très tôt, parfois début août, alors que les plantes commençaient à dessécher sur pied. La qualité des fibres de ces plantes jeunes a ainsi été préservée de la sénescence accélérée de la fin de cycle. Comme l’année passée, les ensilages réalisés sur la zone bordure Manche présentent une digestibilité des fibres inférieure à la moyenne nationale à cause d’une durée de cycle plus longue. Le niveau de digestibilité des fibres est intermédiaire dans les régions Centre-Ouest et Sud-Ouest. »

7,5 % de MAT et 0,91 UFL

La teneur en matière azotée totale (MAT) des ensilages 2020 est « proche de celle obtenue en 2019, avec en moyenne 7,5 % (± 1,0 %). Là encore, l’hétérogénéité inter-régionale est forte et négativement corrélée au rendement, de 7,2 % sur la zone bordure Manche à 8,1 % sur la zone Centre-Est. »

La teneur en unités fourragères lait (UFL) « à l’échelle nationale est en légère baisse (- 0,01 UFL/kg MS) par rapport à l’année dernière. En 2020, elle s’élève à 0,91 UFL/kg MS (± 0,03). Plus d’un tiers des ensilages de maïs présente une valeur énergétique inférieure à 0,90 UFL/kg MS, peu adaptée pour des animaux hauts productifs. L’origine de cette énergie est assez variable selon les régions. On retrouve ainsi des maïs plus typés « amidon » sur les zones bordure Manche et Sud-Ouest, mais avec une fibre un peu moins digestible, bien que le niveau absolu soit tout à fait correct. La bonne digestibilité des fibres des ensilages de maïs du Centre-Est permet de compenser la plus faible teneur en amidon pour maintenir une valeur énergétique correcte. Sur ce secteur, les rendements font néanmoins défaut, avec des niveaux inférieurs de 1,5 à 2 fois à ceux observés sur la bordure Manche et sur la façade Ouest. Intra-zone, de fortes disparités sont toutefois constatées sur le niveau énergétique, et surtout sur l’origine de l’énergie (amidon ou fibres). »

En pratique, dans une ration hivernale de vache laitière, l’apport de 12 kg MS du maïs « moyen » 2020 apportera 0,23 UFL/j de moins que le maïs « moyen » 2019, calcule Arvalis. « Soit l’équivalent d’une baisse de 0,5 litre de lait par vache et par jour. »

BC

A télécharger :

Les maïs grains 2020 pour l’alimentation animale (Arvalis, FranceAgriMer, 12 février 2021)

Les maïs fourrage 2020 (Arvalis)

Résultats des variétés de maïs fourrage inscrites en France en 2020 (Arvalis)

Les performances des variétés récentes de maïs fourrage (Arvalis)

Résultats du réseau de variétés de maïs fourrage 2020 (Arvalis)

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